Jérôme Valcke, une nouvelle tête tombe à la Fifa

Jerome Valcke le 24 juillet 2015 en Russie. (AP Photo/Dmitry Lovetsky, File)

Mis en cause dans une revente de billets du Mondial-2014, le numéro 2 de la Fifa Jérôme Valcke a été limogé lors d'une procédure d'urgence mercredi.

A un mois et demi de l'élection du nouveau président de la Fifa, les têtes continuent de tomber : le N.2 Jérôme Valcke a été limogé mercredi 13 janvier après avoir été mis en cause dans une revente de billets du Mondial-2014, énième volet de la plus grave crise de l'instance suprême du ballon rond.

C'est par une décision d'un comité d'urgence que le contrat de travail liant la Fifa à Jérôme Valcke, 55 ans et ex-bras droit de Joseph Blatter, a été rompu.

En moins d'un mois, le sommet du foot mondial a donc perdu ses trois personnages les plus puissants, puisque le 21 décembre, Sepp Blatter, président démissionnaire de la Fifa, et Michel Platini, président de l'UEFA, ont été suspendus pour 8 ans de toute activité liée au football.

Blatter, 79 ans, et Platini, 60 ans, ont été sanctionnés par la justice interne de la Fifa pour un paiement controversé de 1,8 million d'euros du premier au second en 2011 sans contrat écrit pour un travail de conseiller achevé par l'ancien capitaine de l'équipe de France en 2002. Les juges de la Fifa y ont vu principalement un "abus de position" et un "conflit d'intérêt".

Platini a renoncé à se présenter à l'élection à la présidence de la Fifa programmée le 26 février à Zurich, n'ayant plus le temps d'épuiser les voies de recours pour tenter de lever une suspension qu'il conteste. Comme Blatter, tous deux évoquent un contrat oral, type d'engagement accepté en Suisse.

Il n'y a plus que cinq candidats en lice : l'ancien membre de la Fifa Jérôme Champagne, le secrétaire général de l'UEFA Gianni Infantino, l'homme d'affaires sud-africain Tokyo Sexwale, le prince jordanien Ali et le président de la Confédération asiatique Cheikh Salman Bin Ebrahim Al Khalifa.

Image souillée

Quel que soit l'élu des 209 fédérations membres, le nouveau patron du foot mondial devra tenter de restaurer l'image souillée d'une institution dont le nom est désormais lié aux mots corruption, affaires, scandales et vagues d'arrestations de hauts dignitaires depuis fin mai 2015.

Diego Maradona, icône sulfureuse du foot, s'est fait ainsi photographier vêtu d'un tee-shirt illustré d'un portrait mêlant Blatter et Platini surmonté de l'inscription "Two thieves" (Deux voleurs)...

Avec le limogeage de Valcke, c'est une autre page de l'histoire de la Fifa qui se tourne avec fracas.

Son parcours est digne d'un roman. L'homme de haute stature aux lunettes rectangulaires avait rejoint la Fifa en juin 2003 en tant que directeur marketing. Mais au coeur d'un litige - qui coûtera 90 millions de dollars (environ 82 millions d'euros) à la Fifa - entre deux sponsors de la maison mère du foot mondial, Mastercard et Visa, il sera renvoyé fin 2006 par Blatter... Six mois plus tard, en juin 2007, Blatter le reprend et lui offre une belle promotion au rang de N.2.

Ancien journaliste de Canal+, Valcke est cette fois évincé à la suite d'accusations des médias britanniques concernant un système qui lui aurait permis de recevoir des commissions dans le cadre d'une opération de revente sur le marché noir de milliers de places lors de la dernière Coupe du monde au Brésil, en 2014.

Neuf ans de suspension requis

Déjà relevé de ses fonctions "jusqu'à nouvel ordre" le 17 septembre, Valcke risque de ne plus pouvoir travailler en relation avec le monde du foot pendant 9 ans, peine requise par la justice interne de la Fifa dans une procédure qui se poursuit indépendamment de son limogeage.

Valcke, via ses avocats américains, a toujours nié depuis mi-septembre des "allégations fabriquées et outrageuses".

Le Français avait déjà été mis en cause par la presse en juin dans un transfert de 10 millions de dollars de l'Afrique du Sud vers un compte du trouble Jack Warner, un des anciens vice-présidents de la Fifa désormais radié à vie. Valcke avait également nié toute malversation.

La chambre d'instruction de la Commission d'éthique, soit la justice interne de la Fifa, s'est aussi intéressée aux nombreux déplacements en jet privé de son ex-secrétaire général, selon une source proche de la Fifa.

La Fédération internationale, sur demande de la justice suisse, a aussi transmis les courriers électroniques de Valcke au bureau du procureur général suisse.

L'intérim à son poste est assuré depuis le 17 septembre par Markus Kattner, son ex-adjoint, qui seconde désormais Issa Hayatou, président intérimaire de la Fifa en attendant l'élection du 26 février.

Avec AFP