Un très haut dirigeant nord-coréen attendu vendredi au Sud pour les JO 2018

Kim Yong Nam, chef du Présidium de l'Assemblée populaire suprême de Corée du Nord, le 4 octobre 2013.

Le chef de l'Etat de la Corée du Nord, Kim Yong-Nam, dont la fonction est largement honorifique, assistera cette semaine à la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques au Sud, signe supplémentaire de la spectaculaire "détente" sur la péninsule.

Les JO d'hiver de Pyeongchang (9-25 février) ont permis une amélioration inattendue des relations intercoréennes depuis début janvier, après deux années de tensions liées aux programmes nucléaire et balistiques de Pyongyang.

D'un point de vue protocolaire, Kim Yong-Nam sera le plus haut responsable nord-coréen à s'être rendu au Sud de la Zone démilitarisée (DMZ), cette frontière qui divise la péninsule depuis la Guerre (1950-1953).

Sa visite sera, sur le plan diplomatique, le point d'orgue du rapprochement opéré entre les deux camps à l'occasion des JO. Mais on ignore si cette "détente" ira au-delà de la trève olympique.

En 2016 et 2017, la Corée du Nord a réalisé trois essais nucléaires - le plus puissant en septembre- et des dizaines de tests de missiles balistiques, affirmant désormais avoir atteint son objectif militaire, qui est d'être en mesure de frapper le territoire continental américain du feu nucléaire.

Pendant des mois, le Nord a superbement ignoré les invitations du Sud à participer à des JO que Séoul vend de longue date comme les "Jeux de la Paix". Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-Un, a surpris tout le monde le 1er janvier en annonçant qu'il pourrait envoyer au Sud une délégation olympique.

Pence également attendu

Cela a déclenché un intense processus diplomatique qui a débouché sur un accord prévoyant, entre autres démonstrations d'amitiés entre les deux Corées, le fait de défiler ensemble sous une même bannière à la cérémonie d'ouverture ou celui d'aligner une équipe féminine commune en hockey sur glace, une première en 27 ans.

Le Nord avait indiqué que sa délégation officielle compterait d'éminents représentants.

Il s'avère qu'elle sera emmenée par Kim Yong-Nam, le président du présidium de l'Assemblée populaire suprême - le Parlement contrôlé par le parti unique - qui occupe les fonctions honorifiques de chef de l'Etat, a annoncé dimanche soir le ministère sud-coréen de l'Unification dans un communiqué.

Kim Yong-Nam, qui n'a pas de liens du sang avec Kim Jong-Un, arrivera vendredi pour une visite de trois jours, en compagnie de trois autres dirigeants et de 18 conseillers, a précisé le ministère en relayant ce que Pyongyang lui avait annoncé.

L'agence nord-coréenne officielle KCNA a indiqué de son côté que le groupe "visiterait bientôt la Corée du Sud pour assister à la cérémonie d'ouverture des 23e jeux Olympiques d'hiver".

Un des autres invités de marque de cet événement sera le vice-président américain Mike Pence. Ce qui n'est pas anodin, au vu des échanges d'insultes des derniers mois entre le président américain Donald Trump et Kim Jong-Un.

Etant sur le papier le chef de l'Etat nord-coréen, Kim Yong-Nam sera le plus haut dirigeant de Corée du Nord à avoir jamais mis les pieds au Sud. Mais son poids politique est difficile à déterminer.

Il avait déjà conduit la délégation nord-coréenne aux jeux de Pékin en 2008 et à ceux de Sotchi en 2014, mais il n'a pas le titre de président de Corée du Nord.

Rencontre avec M. Moon ?

Kim Jong-Un ne l'a pas non plus, car c'est son grand-père, Kim Il-Sung, le fondateur du régime, qui, 24 ans après sa mort, demeure le "Président éternel de la Répoublique populaire et démocratique de Corée".

Voilà des semaines qu'on se demandait qui conduirait la délégation nord-coréenne. Certains pariaient sur Choe Ryong-Hae, le vice-président du Comité central du Parti des travailleurs au pouvoir, considéré comme le bras droit de Kim Jong-Un et le véritable numéro 2 du régime.

D'autres avançaient le nom de Kim Yo-Jong, la petite soeur de Kim Jong-Un, récemment entrée au puissant politburo du parti unique.

M. Choe avait été un des trois dirigeants nord-coréens qui avaient effectué une visite surprise au Sud lors des jeux d'Asie de 2014 avec l'ex-chef de l'armée Hwang Pyong-So et l'éminent diplomate Kim Yang-Gon, décédé fin 2015 dans un accident de voiture.

Ils ne s'étaient pas rendu à la "Maison bleue", le siège de la présidence sud-coréenne, et n'avaient pas rencontré l'ex-présidente conservatrice Park Geun-Hye, mais seulement son conseiller à la sécurité nationale et l'ex-ministre de l'Unification.

Les choses pourraient cette fois être différentes

Le rang protocolaire de Kim Yong-Nam commande théoriquement qu'il soit reçu par le président sud-coréen Moon Jae-In, estime Cheong Seong-Chang, politologue à l'Institut Sejong.

"Dans la hiérarchie du parti, Kim Yong-Nam arrive deuxième, juste après Kim Jong-Un", explique-t-il. "Je l'interprèterais comme un signe de la volonté de Kim Jong-Un d'améliorer les relations intercoréennes."

S'ils se rencontrent, Kim Yong-Nam pourrait inviter M. Moon à Pyongyang pour un prochain sommet avec Kim Jong-Un, a-t-il ajouté.

Issu du centre-gauche, M. Moon a été élu l'année dernière en prônant une reprise du dialogue avec Pyongyang, malgré les sanctions internationales qui frappent le Nord.

Seoul et Whashington ont décidé de différer leurs manoeuvres militaires annuelles jusqu'à la fin des jeux paralympiques fin mars.

Avec AFP