JO 2024 Los Angeles : avec Trump, la flamme olympique ou la terre brûlée?

Eric Garcetti, le maire démocrate de Los Angeles lors d'un discours, le 19 mars 2016

Donald Trump a apporté un soutien sans équivoque à la candidature de Los Angeles à l'organisation des JO-2024, mais les premières mesures du nouveau président des Etats-Unis vont peut-être coûter cher au projet américain, en concurrence avec Budapest et Paris.

Même si le maire démocrate de Los Angeles Eric Garcetti ne le ménage pas et critique avec virulence son décret migratoire, Donald Trump rêve de voir les jeux Olympiques revenir en Californie pour la troisième fois, après 1932 et 1984.

"J'aimerais assister à des Jeux à Los Angeles, cela serait quelque chose d'extraordinaire", a déclaré récemment le magnat de l'immobilier qui s'était entretenu en décembre dernier avec le président du CIO pour lui faire part de "son soutien franc et clair" à Los Angeles.

Mais depuis cette conversation téléphonique avec Thomas Bach, M. Trump a officiellement succédé à Barack Obama et a choqué une partie de la communauté internationale en bloquant l'entrée des ressortissants de sept pays à majorité musulmane pour trois mois et en gelant pendant quatre mois l'accueil de réfugiés.

"Je ne sais pas (si ces mesures auront un impact sur le vote du CIO), mais qu'importe, il faut garantir la sécurité de notre pays", s'est-il défendu.

A sept mois de la décision du Comité international olympique --le 13 septembre à Lima--, Los Angeles se retrouve dans une position inconfortable, au moins aux yeux des observateurs extérieurs, malgré la puissance, économique entre autres, des Etats-Unis sur la scène sportive internationale.


"On peut se dire que Trump porte préjudice à la candidature de Los Angeles, car son décret anti-immigration risque de mal passer auprès des membres du CIO", analyse Jules Boycoff, professeur à l'université du Pacifique, alors que le CIO a autorisé pour la première fois l'été dernier à Rio des réfugiés à participer aux JO.

"Mais on peut aussi penser que cela n'aura aucun impact: le CIO, par le passé, a accordé les JO à des régimes autoritaires, souvenez-nous de Pékin (en 2008), de Sotchi (en 2014)", note M. Boycoff, auteur de "Power Games, une histoire politique des JO".

Derick L. Hulme est, lui, beaucoup plus définitif: "Trump a porté un coup fatal à la candidature de Los Angeles. Le CIO est une institution qui, à ce point de son histoire, essaie d'éviter de prendre des risques (..) Tant que Trump sera au pouvoir, les Etats-Unis ne pourront plus prétendre à organiser de grands événements sportifs", estime ce professeur d'histoire à l'Alma College.

M. Hulme, auteur d'un livre sur le boycott américain des JO-1980 de Moscou, admet toutefois que la situation politique dans les deux autres pays candidats pourrait devenir "une question délicate", si, en France notamment, l'extrême-droite remportait l'élection présidentielle de mai.

"Le CIO se retrouvera alors dans une position beaucoup plus compliquée encore, mais Paris aurait, selon moi, toujours un avantage sur Los Angeles", explique-t-il.

Les promoteurs de la candidature de Los Angeles refusent de céder à la panique.

"Nous ne sommes pas inquiets. Nous voulons que notre projet novateur et responsable soit jugé au regard de ses mérites. Le CIO a toujours agi dans l'intérêt du sport, pas de la politique", martèle ainsi Casey Wasserman, le président de LA 2024, qui a apporté son soutien financier à Hillary Clinton lors de la campagne présidentielle.

"Dire qu'il y a beaucoup d'incertitudes dans le monde actuel est un euphémisme. Le CIO peut être tranquille pendant les sept années à venir s'il choisit Los Angeles", insiste-t-il.

Dans les couloirs de LA 2024, on rappelle volontiers qu'une candidature olympique ne se mesure pas à la popularité de ses promoteurs: en 2009, malgré le soutien de Barack Obama, au faîte de sa gloire, Chicago avait ainsi été éliminé dès le 1er tour pour les JO-2016, revenus finalement à Rio.

"Une chose est sûre: le facteur Trump apporte une part non-négligeable d'imprévisibilité à la situation", souligne Jules Boycoff.

"Si le maire de Los Angeles devait faire un faux-pas aux yeux de Trump, il pourrait mettre le feu à la situation en se déchaînant sur Twitter, comme on l'a déjà vu faire sur d'autres questions", conclut-il.

Avec AFP