La Jordanie a atteint "ses limites" pour l'accueil des réfugiés syriens

Le camp de réfugiés de Zaatari, situé en Jordanie à l'est de Mafraq, est composé de réfugiés syriens fuyant la guerre civile syrienne. (20 janvier 2016)

Le roi Abdallah II affirme que, même si son pays fait tout son possible pour aider les réfugiés, cela ne se fera aucunement aux dépens des Jordaniens et de leur sécurité.

La Jordanie, qui accueille des centaines de milliers de réfugiés syriens, "a atteint ses limites", a déclaré le roi Abdallah II dans un entretien publié lundi dans le quotidien semi-officiel "al-Destour".

"La Jordanie a une grande responsabilité (quant aux réfugiés syriens) dans la région". Cependant, nous avons atteint nos limites", a souligné le roi.

Le roi Abdallah II de Jordanie

"La Jordanie fait tout son possible pour aider les réfugiés, mais cela ne se fera aucunement aux dépens des Jordaniens et de leur sécurité", a-t-il ajouté.

Le royaume hachémite fait face à une arrivée massive de réfugiés depuis le déclenchement du conflit syrien en 2011. Selon l'ONU, le pays accueille quelque 630.000 Syriens enregistrés auprès du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), mais Amman les évalue à plus de 1,3 million.

S'alarmant des "conséquences grandissantes de l'afflux de réfugiés syriens", le souverain a appelé "la communauté internationale à être (...) un partenaire à part entière pour partager cette responsabilité car il s'agit (bien) d'une crise internationale".

"Malheureusement, (l'aide) que nous avons reçue de la communauté internationale n'a pour l'instant pas excédé 35% du coût de l'accueil des réfugiés. Le reste a été couvert par la Jordanie", a-t-il regretté.

La situation humanitaire est particulièrement préoccupante à la frontière jordanienne, où des dizaines de milliers de Syriens sont bloqués depuis le 21 juin, date d'un attentat suicide qui a tué sept militaires. A la suite de cette attaque, Amman y a établi une "zone militaire fermée" et bloqué l'aide humanitaire.

Le roi a affirmé dans l'interview que cette décision avait été prise après des informations sur la présence d'éléments extrémistes parmi les réfugiés qui se pressaient dans cette zone désertique.

"Notre sécurité nationale demeure notre priorité", a déclaré Abdallah II, ajoutant que son pays serait prêt à aider au transfert de ces réfugiés bloqués à la frontière vers "tout pays désireux de les accueillir".

Avec AFP