Dans les bidonvilles de Nairobi, les populations craignent le pire

Un homme marche en évitant les égouts et les ordures dans le bidonville appauvri de Kibera, à quatre kilomètres de Nairobi, le 28 juin 2002. (Photo: Reuters)

Les autorités kenyanes ont signalé mercredi trois nouveaux cas de coronavirus. Il s’agit d’un couple originaire d’Espagne et un Burundais en provenance des Émirats arabes unis. Le pays compte désormais sept cas confirmés au total, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Aucun cas n'a encore été signalé dans la zone de Kibera à Nairobi, la capitale, mais les habitants du vaste bidonville sont préoccupés. Et pour cause : les quartiers d'habitation surpeuplés rendraient difficile la lutte contre le virus mortel s'il commençait à s'y propager.

Hezbon Kodek, un habitant du bidonville qui vit seul, reconnait qu'une mauvaise hygiène aggrave le problème.

"Nous avons des latrines traditionelles, mais les voisins sont tellement nombreux ; plus de 100 chambres partageant un W.C.", a-t-il déclaré. "C'est un peu complexe. Il y a un problème avec l'eau. Parfois le vendredi il n'y a pas d'eau".

Âgé de 33 ans, Sylvester Okoth est père de deux enfants. Il vit dans une chambre simple avec sa famille. Ils essaient de faire tout leur possible pour être à l'abri du virus.

"Je remets à Dieu les situations compliquées, mais pour la propreté, nous essayons de nous laver les mains et d'entretenir au mieux l'endroit où nous dormons", a-t-il dit. "Nous nettoyons tout. Pour ce qui est de la salle de bain et des toilettes communes, nous avons décidé de les maintenir propres et de préserver un environnement sain".

Le ministre de la santé, Mutahi Kagwe, a déclaré que les autorités prenaient des mesures pour empêcher l'apparition de la maladie dans des zones surpeuplées comme Kibera.

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"Nous avons une équipe au ministère de la santé qui va commencer à faire le tour de ces bidonvilles pour expliquer ce qu’il faut savoir et la conduite à tenir ", a déclaré Kagwe. "Nous avons demandé au gouvernement du comté de prendre des mesures sérieuses en matière de propreté dans ces zones. Nous nous sommes également rapprochés du ministère de l'eau, et ils nous aident à faire en sorte que ces zones ne manquent pas d'eau."

A Kibera, les résidents disent avoir reçu des brochures les informant sur le coronavirus. Mais Kodek dit qu'il a contesté une recommandation particulière.

"Ils recommandent de rester à la maison autant que possible. Mais comment pouvez-vous rester à la maison quand vous avez besoin de nourriture?", s’interroge-t-il. "Donc, si ce truc est vraiment pandémique, nous allons tous y passer. Qui va rester à la maison quand il n'y a rien à manger?"

(Article rédigé par Mohammed Yusuf | Adapté de l'anglais par VOA Afrique)