Le Kenya l’on s’attend à un doublement de la population d’ici à 2050. Le gouvernement et les ONG investissent beaucoup dans le planning familial. Mais, nous dit le correspondant de la VOA Gabe Joselow, la remise de contraceptifs aux femmes et les campagnes de sensibilisation ne sont pas seulement une question de démographie. Elles portent aussi sur la protection des intérêts économiques du pays
Le Kenya compte plus de 40 millions d’habitants, et sa population ne cesse d’augmenter. Il y a une moyenne de 5 enfants par famille. Bien que ce chiffre soit inférieur à celui d’il y a 2 décennies, cette explosion démographique met à rude épreuve les ressources et services disponibles dans le pays, où elle devance la croissance de l’économie.
Anne Okwisa a 4 enfants. Elle vit à Nairobi dans l’implantation de Kibéra, un des secteurs les plus pauvres du Kenya. Elle discute ici au dispensaire de ses options en matière de contrôle des naissances, parce qu’elle reconnait qu’elle ne peut plus se permettre d’avoir d’autres enfants.
Pour résumer, Okwisa estime qu’avec le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, ce ne serait pas sage d’en avoir plus. Elle précise qu’elle n’a pas le genre de boulot qui lui permettrait alors de joindre les 2 bouts. Le planning familial devrait donc, pense-t-elle, l’aider à mieux prendre soin des enfants qu’elle a déjà.
Voyant les avantages économiques du planning familial, le gouvernement et les ONG aident les dispensaires locaux afin de donner un accès plus facile, et moins cher, à la contraception.
Walter Adoli assure que son dispensaire reçoit ainsi beaucoup de soutien.
"Par exemple, le gouvernement nous fournit les méthodes de planning familial, et nous avons les ONG qui font du bénévolat dans, par exemple, le domaine des méthodes chirurgicales telles que la ligature des trompes et la vasectomie."
Le ministère kényan de la Santé estime qu’un plus grand accès aux ressources du planning familial est essentiel à la réalisation des objectifs du pays en matière de développement économique au cours des prochaines décennies.
Alex Bosire, un obstétricien-gynécologue qui a travaillé au Kenya ces 8 dernières années, pense que l’accent mis sur le planning familial est une bonne chose pour les patients eux-mêmes, et pour le pays de façon générale.
"On ne souhaite pas une explosion démographique, parce qu’on ne sera pas en mesure de fournir à cette population les emplois dont elle a besoin, et le chômage sera un gros problème. Et on ne contrôle pas la croissance de la population, par le planning familial pour ainsi dire, on affectera la fourniture des équipements et services sociaux”.
Le Dr. Bosire dit aussi avoir remarqué que les femmes se libèrent de plus en plus des tabous sur la contraception, et hésitent de moins en moins à demander les options qui s’offrent à elles.
"Avec les campagnes de sensibilisation du gouvernement et de certaines ONG, il y a eu une plus grande acceptation de cela, et le fait qu’il y a maintenant un plus grand nombre de femmes qui viennent pour vous dire ouvertement ‘hé, j’ai besoin de contraception”.
Malgré tous ces progrès au Kenya, il ressort des statistiques gouvernementales qu’environ 50% des grossesses n’auraient pas été “voulues”, et qu’il reste encore beaucoup à faire avant que la croissance de la population ne devance plus celle de l’économie.