Washington critique le gouvernement et l'opposition au Kenya

Raila Odinga lors d'une conférence de presse, à Nairobi, Kenya, le 1er février 2018.

Les Etats-Unis ont "rejeté" "l'auto-investiture" de l'opposant kényan Raila Odinga comme président malgré sa défaite électorale, mais ont aussi vivement critiqué les "intimidations" des autorités contre les médias qui voulaient retransmettre cette cérémonie.

Raila Odinga, refusant de reconnaître la réélection du chef de l'Etat Uhuru Kenyatta en 2017 au terme d'un processus électoral chaotique et controversé, a prêté serment mardi comme "président du peuple".

"Nous rejetons les actes qui sapent la Constitution du Kenya et l'Etat de droit", a déclaré la porte-parole du département d'Etat américain Heather Nauert dans un communiqué.

"Les contestations doivent être résolues à travers les mécanismes légaux appropriés", a-t-elle ajouté, tout en saluant la "retenue" des forces de l'ordre, qui sont restées à bonne distance de la cérémonie de l'opposant.

Son baroud d'honneur s'est toutefois transformé en bataille pour la liberté d'expression: le gouvernement a en effet suspendu indéfiniment trois des principales chaînes de télévision pour empêcher qu'elles retransmettent l'événement.

La porte-parole de la diplomatie américaine a ainsi exprimé également sa "profonde inquiétude" face aux "mesures du gouvernement pour fermer" et "intimider" les médias. "La liberté d'expression, y compris pour les membres des médias, est essentielle à la démocratie et est gravée dans le marbre de la Constitution kényane", a-t-elle dit.

"Nous exhortons le gouvernement et tous les Kényans à respecter la liberté d'expression et à mettre en oeuvre les décisions de justice demandant que les chaînes de télévision soient réautorisées à émettre", a ajouté Heather Nauert.

Saisie par la société civile, la Haute Cour de Nairobi a en effet ordonné jeudi que ces chaînes soient autorisées à reprendre l'antenne dans l'attente d'un jugement sur le fond.

Washington appelle une nouvelle fois à un "dialogue national" pour tourner la page de la crise politique au Kenya.

Avec AFP