Sur quelque 9,8 millions de votes exprimés comptabilisés par la Commission électorale (IEBC), soit la moitié des 19,6 millions d'électeurs inscrits, le président Kenyatta, au pouvoir depuis 2013, était crédité de 55,21% des voix contre 44% à M. Odinga, qu'il devançait de plus de 1,1 million de voix.
Pour l'emporter dès le premier tour, un candidat doit obtenir la majorité absolue et plus de 25% des voix dans au moins 24 des 47 comtés du pays.
Mardi soir, la commission électorale n'avait toujours pas divulgué le taux de participation. Six autres petits candidats étaient en lice dans cette élection et leurs voix ne pesaient pas plus d'1% au total, toujours selon les résultats partiels de la Commission électorale.
"Nous entrons désormais dans la phase la plus critique du cycle électoral", avait prévenu le chef de l'IEBC, Wafula Chebukati, en début de soirée, appelant les Kényans à la patience.
De nombreux observateurs kényans et internationaux ont fait part de leurs craintes de troubles à l'annonce des résultats de la présidentielle, dix ans après les pires violences électorales enregistrées dans cette ex-colonie britannique depuis son indépendance en 1963.
La campagne, acrimonieuse, où l'opposition n'a eu de cesse d'accuser le camp présidentiel de préparer des fraudes, a fait ressurgir le spectre des violences de 2007-2008 qui avaient fait au moins 1.100 morts et plus de 600.000 déplacés.
- Opposition 'impressionnée' -
Les opérations de vote se sont toutefois déroulées dans le calme. Dès les premières heures du jour s'étaient formées de longues files d'attentes attestant d'une ferveur démocratique que les accusations de fraudes lors des précédentes élections n'ont pas entamée.
"Plus les résultats seront annoncés tardivement, plus les gens seront nerveux. Les attentes sont très élevées dans les deux camps, qui sont persuadés qu'ils vont gagner et donc la gestion de ces attentes sera cruciale", estimait Katherine Njoroge, une électrice de 39 ans rencontrée dans une file d'attente du centre de Nairobi.
Hormis une vingtaine de bureaux de vote dans la région du Turkana (nord-ouest) rendus difficilement accessibles par d'importantes précipitations, ainsi que des retards à l'ouverture, le vote s'est déroulé sans encombre dans la plupart des 41.000 bureaux. Deux employés de la commission électorale ont par ailleurs été interpellés pour avoir distribué trop de bulletins de vote.
Et surtout, malgré quelques problèmes localisés liés à l'identification biométrique des électeurs, le système électronique a semble-t-il fonctionné normalement, lui qui avait failli lors du scrutin de 2013.
La commission avait alors été contrainte de basculer sur un système manuel, alimentant les accusations de fraude électorale.
Mardi, même la coalition d'opposition (Nasa), qui n'avait pourtant pas ménagé ses critiques à l'encontre de l'IEBC lors de la campagne, s'est dit "largement impressionnée" par son travail.
- Accepter la volonté du peuple -
Les Kényans étaient aussi appelés à élire leurs députés, sénateurs, gouverneurs, élus locaux et représentantes des femmes à l'Assemblée. Mais c'est bien la présidentielle, réédition de l'affiche de 2013, qui suscitait le plus de passions.
Les sondages, quelque peu discordants, ont annoncé un duel serré entre Uhuru Kenyatta, fils du premier président du Kenya indépendant, et Raila Odinga, vétéran de la politique kényane, candidat pour la quatrième et probablement dernière fois à la présidentielle.
Les deux hommes se sont dits confiants en leur victoire.
"Si je perds, j'accepterai la volonté du peuple", a toutefois tenu à ajouter M. Kenyatta, invitant son adversaire à en faire autant.
Le vote au Kenya se joue plus sur des sentiments d'appartenance ethnique que sur des programmes, et MM. Kenyatta (un Kikuyu) et Odinga (un Luo) ont mis sur pied deux puissantes alliances électorales.
M. Kenyatta, 55 ans, et son vice-président William Ruto (un Kalenjin) ont mis en avant leur bilan économique: depuis 2013, le pays a aligné des taux de croissance à plus de 5% et développé ses infrastructures, dont la nouvelle ligne ferroviaire entre Nairobi et le port de Mombasa, sur l'océan Indien.
Raila Odinga a dénigré ce bilan et s'est de nouveau posé comme le garant d'une croissance économique mieux partagée.
Le scrutin a donné lieu au déploiement sans précédent de plus de 150.000 membres des forces de sécurité.
Avec AFP