Kinshasa condamne les sanctions de Washington

Le président Joseph Kabila Kabange de la République démocratique du Congo, lors d'une rencontre avec le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier (non visible), à Kinshasa, 19 Février 2015. epa / MICHAEL KAPPELER

Le gouvernement congolais qualifie d’atteinte à la souveraineté de la RDC les sanctions décidées par l’administration américaine à l’encontre des responsables congolais.

Kinshasa prévient que ces mesures mettront en péril les relations entre les deux Etats.

"La RDC condamne les mesures prises ce jour par le gouvernement des Etats-Unis. C’est une atteinte à notre souveraineté et cela mettra en péril nos relations bilatérales", indique dans une déclaration l’ambassadeur Barnabé Kikaya Bin Karubi, Conseiller principal du président Joseph Kabila en matière des questions diplomatiques.

L’émissaire de M. Kabila a spécialement fait le déplacement pour Washington en rapport avec l’annonce de ces mesures.

Un peu plutôt, Washington a annoncé le début des sanctions contre les autorités congolaises.

Le Commissaire général de la police congolaise à Kinshasa, le général Célestin Kanyama est la première personnalité à être visée par les sanctions ciblées des Etats-Unis contre les responsables congolais.

Le général Kanyama est désormais placé sur la liste des personnes particulièrement visées, indique le Bureau de contrôle des avoirs étrangers du Département du Trésor des Etats-Unis sur son site internet.

Dans sa réaction, l’émissaire du président Kabila affirme être venu consulter les responsables américains pour leur parler des mesures prises par Kinshasa afin de faire avancer à la fois un dialogue national et le processus électoral.

Ces mesures ne feront "qu’enhardir ceux qui cherchent à diviser notre nation et entraver notre processus démocratique", argumente M. Kikaya.

"Nous continuons à rechercher un consensus par le dialogue, mais aussi, nous avons pris des mesures qui ont permis à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de continuer a préparer les élections, y compris l’allocation des fonds pour faciliter l’identification et l’enregistrement des électeurs congolais pour les élections à venir", explique l’émissaire congolais.

Des activistes avec en première ligne le groupe activiste Enough Project demandent, pour leur part, que ces sanctions soient étendues à d’autres personnalités congolaises.

Pour les activistes, le général Kanyama est lié à au moins trois opérations policières au cours desquelles la police a recouru à un usage excessif de la force.

La police a, au cours d’une de ces opérations anti-criminalité baptisées “Likofi“ (coup de poing, en Lingala) menée de novembre 2013 à janvier 2014, sommairement exécuté au moins 51 jeunes. Au moins 33 cas de disparitions forcées ont été enregistrés. Le haut officier congolais est aussi tenu pour responsable des attaques meurtrières contre les manifestants pacifiques d'octobre 2015.

Le général Célestin Kanyama est accusé "d'être responsable ou complice d'actes de violences et d'enlèvements (...) ciblant des civils, des femmes et des enfants".

Aux termes de ces sanctions, ses avoirs sont gelés aux Etats-Unis et il est interdit à toute entité américaine de faire des transactions avec lui.

"Alors que la limite constitutionnelle du mandat du président Kabila touche à sa fin en décembre, le régime s'est engagé dans une vague de répression, comprenant l'arrestation des membres de l'opposition et la suppression violente de manifestations politiques, afin d'éviter la tenue d'élections nationales programmées", a affirmé John Smith, directeur du Bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC).

"L'initiative du Trésor envoie le message clair de la condamnation par les Etats-Unis des actions violentes et répressives du régime, en particulier celles de Célestin Kanyama, qui menacent l'avenir de la démocratie pour le peuple de la RDC", a-t-il ajouté.