L'activité des motos-taxis reconnue par le gouvernement ivoirien

Des motos-taxis garés dans le quartier Air France à Bouaké, en Côte d'Ivoire, le 20 janvier 2018. (VOA/Siriki Barro)

Né au lendemain de la guerre en 2002 dans les zones centre-nord et ouest de la Côte d’Ivoire, le transport en commun avec les motos-taxis est en plein essor, ce qui a poussé l'Etat ivoirien a reconnaître l'activité.

Malgré le désordre sur les routes qu’occasionnent ces motos-taxis et les nombreux accidents de la route dont la responsabilité leur est imputée, l’Etat ivoirien a décidé de les reconnaître officiellement à travers l’instauration d’une patente annuelle inscrite dans l’annexe fiscale 2018.

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Reportage de Siriki Barro, correspondant à Bouaké pour VOA Afrique

Dans son article 33, l’annexe fiscale 2018 prévoit d’instituer "une patente forfaitaire à la charge des exploitants de motos-taxis à deux ou à trois roues, utilisés pour le transport de personnes et/ou de marchandises".

Le coût de cette patente s’élève à 20.000 francs CFA l’année pour les motos taxis à deux-roues, et à 25.000 francs CFA l’année pour les motos taxis à trois roues avec une majoration de 1.500 francs CFA par attelage.

Un moto-taxi à côte d'un taxi à Bouaké, en Côte d'Ivoire, le 5 juin 2017. (VOA/Siriki Barro)

Toujours selon l’article 33 de cette annexe fiscale, ce dispositif fiscal vient corriger l’inégalité de traitement entre les motos-taxis et les véhicules de transport à quatre roues qui s’acquittent d’une contribution annuelle de 120.480 francs CFA et auxquels ils livrent concurrence dans le secteur des transports.

La mesure réjouit Diarrasouba Yacouba, un chauffeur de taxi.

"C’est le même boulot qu’on fait, ce sont les mêmes taxis, donc je trouve ça normal", lance-t-il avec un grand sourire à VOA Afrique.

>> Lire aussi : Les taxis et les motos-taxis jouent des coudes dans les rues de Bouaké

Chez les chauffeurs de motos-taxis, cette nouvelle est diversement appréciée.

Oumar Diallo, chauffeur et père de cinq enfants, se désole face à cette nouvelle taxe. Le visage fermé, il laisse exprimer sa colère.

"C’est dommage de demander à un père de famille, chauffeur de moto-taxi qui peine à avoir 1.000 francs ou 2.000 francs pour nourrir sa famille, de payer une taxe à l’Etat", se plaint-il.

Un moto-taxi à Bouaké, en Côte d'Ivoire, le 5 juin 2017. (VOA/Siriki Barro)

Le raisonnement est totalement différent chez Koné Abou, également chauffeur de motos-taxis.

Il a choisi d’adhérer à la nouvelle fiscalité puisqu’elle va amoindrir ses dépenses dans la mesure où, chaque mois, comme tous les autres chauffeurs de moto-taxis, il devait payer la somme de 3.000 francs CFA à la mairie. Et pour se justifier, il explique que "cette nouvelle mesure prise par l’Etat nous arrange plus par rapport au 36.000 francs par an de la mairie".

Selon l’annexe fiscale, les recettes attendues de cette mesure sont estimées à 53 millions de francs CFA.

Sikiri Barro, correspondant à Bouaké