"Dans le sud de mon pays, qui fait face à une famine causée par le changement climatique, plus de 1,3 million de personnes sont dans une situation de détresse alimentaire, l'absence de pluie depuis plusieurs années a rendu impossible toute activité de subsistance", a lancé le président malgache Andry Rajoelina lors d'un "sommet pour l'accélération de l'adaptation en Afrique".
"Mes compatriotes endurent le tribut d'une crise climatique à laquelle ils n'ont pas participé," a-t-il souligné, évoquant ce que l'ONU décrit comme la première famine au monde directement causée par la crise climatique.
Et c'est bien le grief des pays africains, comme de nombreux autres pays en développement.
"Pour un continent qui contribue à hauteur d'environ 3% aux émissions de gaz à effet de serre, l'Afrique ne peut pas être livrée à elle-même pour en gérer les effets de plus en plus néfastes," a résumé le président de la République démocratique du Congo (RDC) Félix Tshisekedi, président en exercice de l'Union africaine et à l'initiative de la réunion.
Il apporte le soutien de l'UA à un programme de 25 milliards de dollars de la Banque africaine de développement (BAD) et du Centre mondial pour l'adaptation (GCA, basé aux Pays-Bas) pour "accélérer" l'Initiative d'Adaptation pour l'Afrique, qui avait été lancée en 2015, lors de la COP21 ayant débouché sur l'accord de Paris.
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Plan africain pour l'Afrique
Via la BAD, le continent a mobilisé la moitié de cette somme et en appelle aux pays développés pour financer le même montant.
"25 milliards de dollars sur cinq ans ne suffisent certainement pas à combler le déficit de financement de l'adaptation", souligne le président congolais, rappelant que le continent est destinataire de seulement six milliards environ d'aide climatique.
Or, le président du GCA, Patrick Verkoojien, chiffre à 33 milliards par an les besoins du continent. "Les partenaires du développement se cachent toujours derrière l'excuse qu'il n'y a pas de plan. Eh bien maintenant, il y a un plan", dit-il à l'AFP.
"Un plan qui appartient à l'Afrique et est dirigé par l'Afrique," martèle le président congolais, alors que le dossier des promesses non tenues de financement des pays riches aux plus pauvres, exposés aux ravages grandissants des sécheresses, feux et inondations causés par le réchauffement, est un des plus brûlants de la COP de Glasgow.
Et encore faut-il rééquilibrer ces fonds de l'atténuation (lutte contre les émissions) vers l'adaptation. A au moins 50/50, souligne Akinwumi Adesina, patron de la BAD, se félicitant que son institution en soit déjà à 63% pour les projets d'adaptation.
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Le monde devrait payer
Le président britannique de la COP, Alok Sharma, a apporté son soutien à l'initiative, reconnaissant que "les besoins sont grands et l'injustice criante". Et d'annoncer près de 200 millions de dollars de nouveaux financements de Londres, qui devraient "débloquer au total près de 1,2 milliard". "Et il y en aura plus", a-t-il promis.
"Les populations et les leaders de la région ont vu ce qui se prépare et ils veulent faire en sorte de l'arrêter. Le monde, particulièrement les pays qui ont contribué à fabriquer cette crise, doit se lever pour aider," a reconnu de son côté le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, vantant l'engagement de l'administration Biden sur l'adaptation.
Pour favoriser la mise en oeuvre des engagements, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a quant à elle vanté la rationalité économique de tels investissements: "l'adaptation c'est aussi du développement".
Pour elle, "le monde devrait aussi payer" pour les services rendus, par exemple "quand nous protégeons les forêts" qui capturent du CO2.
Une piste mise en oeuvre par exemple dans un programme forestier pilote au Gabon. Ou avec des aménagements de dette pour des mesures de protection de l'océan aux Seychelles.
En tout cas "nous ne pouvons plus attendre", a lancé le président Tshisekedi, appelant à ce que le projet "d'accélération" soit totalement financé d'ici la fin de la prochaine COP, prévue sur le continent africain, en Egypte.