Autrefois pilier du pouvoir sous Laurent Gbagbo et aujourd'hui témoin de l'accusation, Philippe Mangou, 65 ans, a exposé le fonctionnement de l'armée et évoqué ses contacts avec l'ancien chef d'Etat accusé de crimes contre l'humanité.
"Avec le président, je n'ai pas de relations particulières", a-t-il affirmé, costume bleu marine, cravate rayée et lunettes aux fines branches rouges. "Ce sont des relations de président de la République à chef d'état-major des armées, donc de chef à collaborateur."
Les violences post-électorales avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois, après que Laurent Gbagbo s'était installé au palais présidentiel en décembre 2010, refusant de céder le pouvoir à son rival, Alassane Ouattara.
Les partisans de M. Ouattara, reconnu vainqueur de la présidentielle, et des membres du gouvernement de son Premier ministre et chef de l'ex-rébellion, Guillaume Soro, s'étaient alors retranchés dans l'hôtel du Golf à Abidjan, soumis à un blocus.
Mais aux yeux de M. Mangou, l'hôtel n'était pas soumis à un blocus.
L'objectif était d'éviter "que nos frères (militaires) ne sortent (...) du Golf pour aller commettre des faits en ville en vue de faire porter la responsabilité aux forces de défense et de sécurité", a-t-il expliqué devant la Cour de La Haye, assurant qu'aucun ordre n'avait été donné pour bloquer l'arrivée de vivres.
En revanche, l'ancien général a rapporté avoir essuyé un refus de la part de Laurent Gbagbo lorsqu'il a demandé la mise en place d'une zone de guerre au nord d'Abidjan afin d'autoriser les civils à quitter les lieux et à se mettre en sécurité.
L'ancien chef d'état-major était demeuré fidèle au président Gbagbo jusqu'en 2011 même si, aux yeux de nombreux observateurs, il était resté en retrait et avait même perdu une bonne part du contrôle sur ses hommes.
Au lendemain de la chute de M. Gbagbo le 11 avril 2011, il avait prêté allégeance, comme d'autres chefs de l'armée, à l'actuel président Ouattara avant d'être nommé ambassadeur de Côte d'Ivoire au Gabon en 2012.
M. Mangou doit poursuivre son témoignage cette semaine, interrogé par l'accusation jusqu'à jeudi. Le procès de Laurent Gbagbo, premier ex-chef d'Etat remis à la CPI, s'est ouvert le 28 janvier 2016 à La Haye et devrait durer trois à quatre ans.
Avec AFP