Dans un post sur son compte Twitter, l'armée nigériane publie la vidéo d'un discours du président américain prononcé jeudi dans lequel il évoque le sort de la caravane de migrants sud-américains s'approchant de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique et prévient que toute personne jetant des pierres serait considérée comme armée.
"Regardez SVP et tirez-en vos propres conclusions", commente l'armée nigériane sur son compte officiel.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole de la Défense, John Agim a confirmé que ce post faisait directement référence à la récente répression de manifestants de la minorité chiite au Nigeria.
L'armée a ouvert le feu cette semaine à plusieurs reprises sur des manifestants du Mouvement islamique du Nigeria (IMN) qui réclamaient la libération de leur leader emprisonné depuis trois ans, faisant au total six morts officiellement.
L'IMN a fait état de 49 morts, tandis que l'ONG Amnesty International a évoqué 45 morts et condamné la réponse disproportionnée du gouvernement.
L'ambassade américaine s'est dit "préoccupée" jeudi et a appelé à "mener une enquête approfondie".
Lire aussi : Washington demande une enquête après la mort de manifestants chiites au NigeriaL'armée nigériane a réagi "au rapport d'Amnesty International qui (l') accuse d'avoir utilisé des armes sur des manifestants chiites pacifiques", a affirmé le porte-parole de la Défense.
"Non seulement ils utilisent des pierres mais ils transportaient également des cocktails Molotov, des machettes et des couteaux, alors oui, nous considérons qu'ils étaient armés", a poursuivi M. Agim.
"L'armée n'a jamais essayé de stopper les manifestations chiites", a-t-il ajouté. "Nous sommes intervenus uniquement parce que les membres de l'IMN essaient de s'en prendre à nous, ils arrivent sur des check-points et essaient de nous provoquer."
L'IMN a de son côté assuré que l'armée avait commencé à tirer sur ses partisans non armés.
Le leader de l'IMN, Ibrahim Zakzaky, a été emprisonné il y a près de trois ans, suite à de violentes manifestations qui avaient secoué Zaria (nord) en décembre 2015.
Lire aussi : Tirs à balles réelles sur des manifestants chiites à AbujaDes groupes de défense des droits de l'Homme avaient alors accusé les militaires d'avoir tué plus de 300 chiites et de les avoir ensuite enterrés dans des fosses communes, ce que l'armée a démenti.
Fin 2016, un tribunal fédéral avait jugé la détention du leader chiite illégale et ordonné sa libération. Mais cette décision n'a jamais été exécutée.
Avec AFP