L'armée soudanaise dans la rue pour l'anniversaire d'une manifestation

Des Soudanais s'étaient rassemblés devant la prison d'al-Huda dans la ville jumelle d'Oddman, la capitale de Khartoum, le 4 juillet 2019.

L'armée soudanaise s'est déployée lundi dans les rues menant à son quartier général à Khartoum à l'occasion du premier anniversaire d'une manifestation de masse qui a mené à l'éviction de l'ex-président Omar el-Béchir, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des dizaines de milliers de manifestants s'étaient rassemblés le 6 avril 2019 devant le QG de l'armée pour exiger le départ de M. Béchir, environ quatre mois après le début d'une contestation populaire inédite.

Devant la pression de la rue, l'armée avait finalement destitué le 11 avril l'autocrate qui régnait depuis 30 ans d'une main de fer sur le pays.

Dimanche, des informations de presse ont fait état de menaces d'un coup d'Etat de partisans du président déchu contre les autorités de transition mises en place après la chute de l'ancien régime.

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L'armée a démenti ces informations, le général Amer Mohamed al-Hassan assurant dans un communiqué distribué aux médias dimanche: "Il n'y a aucune indication, ni suspicion de coup d'État parmi les forces armées".

Mais le ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement, Faysal Saleh, a précisé à la télévision d'Etat qu'une réunion d'urgence du gouvernement avait été organisée.

"Le gouvernement est au courant des informations de presse sur les mouvements de membres de l'ancien Parti national du Congrès (le parti de M. Béchir)", a dit M. Saleh sans autre précision.

L'an dernier, le rassemblement tenu devant le siège de l'armée s'était maintenu presque deux mois après la chute de M. Béchir, car les manifestants exigeaient le départ des militaires au pouvoir et le passage à un gouvernement civil.

Il a été dispersé le 3 juin par les forces de sécurité. Des dizaines de personnes ont été tuées ou blessées dans la vague de répression qui a suivi.

Selon des médecins proches des manifestants, au mois 128 personnes sont mortes dans ces violences. Les autorités ont fait état elles d'un bilan de 87 morts.

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M. Béchir, 76 ans, aujourd'hui détenu à la prison de Kober à Khartoum, avait pris le pouvoir en 1989 à la faveur d'un coup d'Etat. Lors de son règne de 30 ans, il avait impitoyablement écrasé toute contestation.

Le Soudan est dirigé par un Conseil souverain composé de civils et de militaires, constitué en août 2019 pour superviser la transition politique sur une période de trois ans.

Un gouvernement de transition a été formé en septembre avec à sa tête l'économiste Abdallah Hamdok.

Ce dernier a échappé à un attentat début mars à Khartoum, lorsque que son convoi a été visé par une explosion et des tirs d'armes automatiques.