L'arrivée du chef de la rébellion sud-soudanaise Riek Machar dans la capitale Juba, où il est censé prendre ses fonctions de vice-président, a encore été repoussée, peut-être à mercredi, a annoncé son entourage.
"Nous sommes désolés d'annoncer qu'une fois encore le premier vice-président désigné Riek Machar a été retardé", a déclaré William Ezekiel devant la presse, qui depuis deux jours attend M. Machar à Juba.
Des "problèmes logistiques"
Le chef des rebelles était censé rentrer lundi dans la capitale en provenance de sa base de Pagak, dans l'est du pays, à la frontière avec l'Ethiopie. Mais ce retour avait été reporté à mardi en raison de "problèmes logistiques".
La même excuse a encore été invoquée mardi par le porte-parole de M. Machar, qui n'a cette fois-ci pas donné de nouvelle date. "Il va venir. Mais quand ? Nous vous tiendrons au courant", a-t-il indiqué.
Ce retard serait notamment lié à la difficulté d'obtenir une permission de vol pour le chef d'état-major des rebelles, Simon Gatwech Dual, sous le coup de sanctions des Nations unies, a laissé entendre William Ezekiel.
Roland Marchal, chercheur basé à sciences politique à Paris relève un manque de "confiance" entre les deux belligérants. Sur VOA Afrique, M. Marchal parle des "clivages" et l'"absence de véritables réconciliation" dans le camp du président Salva Kiir qui ménacent aussi la mise en application de l'accord de paix.
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Machar contredirait les accords de paix
La version du gouvernement est tout autre. M. Machar aurait demandé à venir avec 200 soldats et de l'armement supplémentaires, "dont des mitrailleuses et des missiles à visée laser", ce qui contredit les termes de l'accord de paix d'août 2015, selon le ministre de l'Information Michael Makuei.
Selon cet accord, la rébellion a le droit de maintenir à Juba 1.370 soldats et policiers, contre 3.420 hommes pour l'armée gouvernementale. Le restant des troupes, gouvernementales et rebelles, n'est pas autorisé dans un rayon de 25 km autour de la capitale.
M. Makuei a affirmé que M. Machar avait "repoussé son arrivée sine die". "Je le croirai (son arrivée) seulement quand je le verrai à l'aéroport international de Juba", a-t-il ajouté.
"C'est une impasse et ça retarde sans aucun doute l'application de l'accord (de paix). La question, c'est: Combien de temps allons-nous attendre Riek Machar? Combien de temps allons-nous opérer dans ce vide?", a-t-il renchéri.
Un fragile espoir de règlement
Riek Machar doit venir à Juba pour prendre ses fonctions de vice-président. Il a été réinstallé à ce poste en février par le président Salva Kiir, ce qui a permis la relance de l'accord de paix, signé le 26 août 2015 et qui prévoyait un cessez-le-feu et un mécanisme de partage du pouvoir.
M. Machar avait déjà occupé le poste de vice-président entre juillet 2011 - date de l'indépendance - et juillet 2013, quand il avait été démis de ses fonctions par Salva Kiir.
Le retour prévu de Riek Machar à Juba suscite un fragile espoir de règlement d'une guerre civile de plus de deux ans, qui a fait des dizaines de milliers de morts (le bilan exact est inconnu) et plus de 2,3 millions de déplacés.
Le Soudan du Sud a plongé dans la guerre civile en décembre 2013 quand des combats ont éclaté au sein de l'armée nationale, minée par des dissensions politico-ethniques alimentées par la rivalité à la tête du régime entre MM. Kiir et Machar.
Avec AFP