Fatimata Mbaye, lauréate du Prix américain Femmes de Courage

Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry et l'ambassadrice itinérante pour les questions relatives au femmes Cathy Russell, avec les lauréates du Prix Femmes de Courage du Département d'État à Washington, D.C.. A droite, l'avocate mauritanienne Fatimata Mbaye, le 29 mars 2016.

Sur VOA Afrique, l'avocate appelle le gouvernement mauritanien à libérer Biram Dah Abeid et Brahim Bilal Ramdane, leaders de la lutte anti-esclavage.

Le Secrétaire d’Etat américain John Kerry a récompensé 14 femmes lors de la cérémonie de remise des prix "Femmes de Courage" au département d’Etat.

Fatimata Mbaye, présidente de l'Association mauritanienne des droits de l'homme, est l’une des lauréates. Dans les années 80, elle est devenue la première femme avocate en Mauritanie. Me Fatimata Mbaye est spécialisée dans la défense des droits des enfants et des femmes.

Bien qu'il y ait plusieurs femmes avocates en Mauritanie aujourd’hui, elle est toujours la seule à plaider, a-t-elle dit à VOA Afrique dans une interview au Département d’Etat américain juste après la cérémonie de récompenses.

Malgré plusieurs emprisonnements et des menaces de mort liés à sa lutte contre l’esclavage en Mauritanie, elle prend en charge les cas juridiques les plus difficiles.

Elle a obtenu la première condamnation pour l'exploitation des enfants, le premier acte d'accusation pour l'esclavage et la première peine de prison appliquée en vertu de la loi anti-esclavage de 2007.

En 1999, elle a reçu le prix international des Droits de l’Homme de Nuremberg, alors qu’elle venait tout juste de sortir de prison. Et en 2012, elle a reçu le prix américain Trafficking in Persons Report, délivré par le département d'État des États-Unis, qui récompense les personnes luttant contre le trafic des êtres humains.

En 2015, elle a fait partie du "Top 50, des femmes les plus puissantes d’Afrique", selon l'hebdomadaire panafricain Jeune Afrique.

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Fatimata Mbaye au micro de Nathalie Barge

Au micro de VOA Afrique, Fatimata Mbaye a dénoncé la détention en Mauritanie des militants des droits humains Biram Dah Abeid et Brahim Bilal Ramdane, respectivement président et vice-président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie), une organisation qui lutte contre l’esclavage.

«(…) je pense que ce n’est pas quelque chose qui est acceptable aujourd’hui. Nous somme au 21ème siècle et l’esclavage est une des tares les plus horribles de notre histoire et je pense que la Mauritanie doit lutter contre ces derniers bastions de la déshumanisation de la personne, afin que toutes ces personnes retrouvent leur liberté, retrouvent leur dignité.», a déclaré Fatimata Mbaye à VOA Afrique.

Mariée de force, à l'âge de 12 ans, avec un homme de 45 ans. Elle a déclaré, suite à cette union «ma révolte a commencé là (…)».

«C’est une page de ma vie qui me permet aujourd’hui de comprendre effectivement toutes ces femme qui ont été mariées très tôt, et toutes ces petites filles qui vont encore continuer à être mariées à cet âge-là et à qui on vole tout simplement leur enfance», a déploré l’avocate mauritanienne réputée pour son engagement dans la lutte contre les mariages forcées.

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Prix Femmes de Courage: Maître Fatimata Mbaye au micro de Nathalie Barge

Lors de la cérémonie au département d'Etat, John Kerry a rendu hommage aux femmes en ces termes: "14 dirigeantes, 14 modèles, 14 femmes au courage extraordinaire" porteuses d'un "message très clair: n'acceptez pas l'inacceptable, n'attendez pas que quelqu'un d'autre agisse. Agissez au nom de la justice, de la tolérance et de la vérité".

Outre Fatimata Mbaye, les femmes récompensées par le Secrétaire d’Etat américain sont:

L’avocate bangladaise, Sara Hossain ; Debra Baptist-Estrada (Belize), qui lutte contre la corruption ; l’avocate chinoise handicapée, Ni Yulan ; Thelma Aldana, procureure au Guatemala ; Nagham Nawzat Hasan, gynécologue irakienne yazidi ; Nisha Ayub (Malaisie), qui milite pour les droits des personnes transgenres ; Latifa Ibn Ziaten (France), qui milite pour la tolérance inter-religieuse ; la journaliste russe Zhanna Nemtsova ; Zuzana Stevulova, militante slovaque des droits humains ; Awadeya Mahmoud, femme d'affaires soudanaise ; Vicky Ntetema (Tanzanie), ancienne journaliste de la BBC ; Rodjaraeg Wattanapanit, libraire thaïlandaise et Nihal Naj Ali Al-Awlaqi, ministre yéménite.