L'Eglise consacre un synode aux jeunes

Des évêques catholiques lors de l'ouverture du Synode des évêques, place Saint-Pierre, Vatican, le 7 octobre 2012.

Des évêques du monde entier convergent à Rome pour le coup d'envoi d'un synode entièrement consacré aux jeunes, au moment où l'Eglise affronte une crise existentielle rythmée par de nouveaux scandales d'abus sexuels du clergé.

Ils seront 267 "pères synodaux" (cardinaux, évêques, patriarches chrétiens, membres de la Curie, religieux), 23 experts et 34 jeunes âgés de 18 à 29 ans, écoutés par 49 auditeurs dont une poignée de femmes, à participer au synode sur "les jeunes, la foi et le discernement des vocations".

Réunie du 3 au 28 octobre, cette assemblée doit produire un document final consultatif.

"L'Eglise doit continuer à prôner la tolérance zéro en matière d'abus sexuels" si elle veut "augmenter sa crédibilité auprès des jeunes du monde entier", avaient écrit en mars 300 jeunes des cinq continents réunis à Rome pour préparer ce synode, épaulés par 15.000 internautes.

"Nous voulons dire à la hiérarchie de l'Eglise qu'elle devrait être transparente, accueillante, honnête", capable "d'admettre ses fautes passées et présentes", avaient-il aussi conclu à l'issue de ce "pré-synode" inédit.

C'est ce passage que le pape François a relevé la semaine dernière devant des jeunes en Estonie. Les jeunes "sont indignés par les scandales sexuels et économiques, face auxquels ils ne voient pas une nette condamnation", avait-il constaté, notant sans fard que beaucoup "trouvent la présence de l'Eglise pénible voire irritante". "Nous voulons leur répondre", avait-il promis.

Le pape François rétorquait aussi peut-être à un cardinal américain conservateur qui suggérait fin août d'annuler ce synode en préparation depuis deux ans. L'archevêque de Philadelphie Charles Chaput estimait que la thématique des jeunes n'avait actuellement "aucune crédibilité".

Depuis lors, le pape François a convoqué pour février 2019 une réunion sans précédent de tous les présidents des conférences épiscopales dans le monde pour aborder le thème de "la protection des mineurs".

Lire aussi : L’église catholique propose ses critères de choix du futur président camerounais

"Fragilité humaine"

Le pape a été personnellement attaqué fin août par un ex-ambassadeur auprès du Saint-Siège, Mgr Carlo Vigano, l'accusant d'avoir couvert pendant cinq ans le cardinal américain Theodore McCarrick, un homosexuel accusé désormais d'agressions sexuelles sur des séminaristes et des prêtres.

Et les rapports accablants se sont succédé ces derniers mois: au moins un millier de victimes et 300 "prêtres prédateurs" en Pennsylvanie (est des Etats-Unis), plus de 3.600 victimes pendant des décennies en Allemagne.

Pour le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode des évêques, les scandales ne sont pas un obstacle. "L'Eglise n'est pas représentée par quelques-uns qui se trompent" et "les jeunes peuvent comprendre la fragilité humaine", a-t-il commenté lundi devant la presse. Pour lui, le synode est une opportunité pour l'Eglise de "se faire connaître".

Lors de leur "pré-synode", les jeunes avaient mis en avant leurs interrogations sur "la sexualité, les dépendances, les mariages rompus", demandant aux évêques d'aborder aussi les thèmes controversés "de l'homosexualité et du genre". Ils avaient aussi réclamé une meilleure représentations des femmes au sein de l'Eglise.

En amont, le cardinal canadien Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, a estimé qu'il fallait que "plus de femmes" participent à la formation des séminaristes afin de favoriser "l'équilibre de l'affectivité".

La progression de la laïcisation avait aussi été mentionné par les jeunes. "Parfois nous nous sentons exclus parce que chrétiens dans un environnement social opposé à la religion", avaient-ils constaté. Et pour le pape, le synode doit permettre aussi un "réveil des vocations sacerdotales et religieuses", en rade en Occident.

En octobre 2014 et 2015, les deux précédents synodes, consacrés à la famille, avaient illustré les profondes divisions au sein de l'Eglise face aux évolutions sociétales.

Avec AFP