Le groupe Etat islamique perd sa dernière localité en Irak

Un groupe de civils passe près du corps d'un militant de l'État islamique en fuite sous des bombardements intensifs de l'EI dans plusieurs zones sous le contrôle de l'armée irakienne, Mossoul, Irak, 2 décembre 2016.

L'Irak a repris vendredi en quelques heures la toute dernière localité tenue par le groupe Etat islamique (EI) sur son territoire, Rawa, infligeant une nouvelle défaite à l'organisation jihadiste qui ne contrôle plus que quelques zones désertiques à la frontière syrienne.

En Syrie, ravagée depuis 2011 par la guerre, l'EI est aussi dans une position critique, acculé dans son dernier bastion urbain, Boukamal, par les forces du président Bachar al-Assad.

En un peu plus de trois ans, l'organisation ultraviolente responsables d'exactions et d'attentats sanglants, a vu son "califat" autoproclamé à son apogée en 2014 s'écrouler quasiment totalement.

Cette année-là, elle régnait sur un territoire de sept millions d'habitants aussi grand que l'Italie à cheval sur la Syrie et sur un tiers de l'Irak. Elle y contrôlait de nombreuses et grandes villes.

Mais après Rawa, elle a désormais été chassée de tous les centres urbains d'Irak où elle exerçait un pouvoir militaire et administratif, et ses hommes ne tiennent plus que 4% du pays, selon un spécialiste irakien de l'EI interrogé par l'AFP.

"Ce qui a été libéré ce sont des zones délimitées administrativement et peuplées. Mais les oueds, les oasis, les étendues désertiques vides qui toutes ensemble représentent 4% du territoire irakien, sont encore entre les mains de l'EI", a expliqué Hicham al-Hachemi.

-A l'assaut des 'résidus' -

Ainsi, après la "libération" de Rawa, les forces irakiennes doivent ratisser de larges pans du désert le long de la frontière poreuse avec la Syrie pour en chasser les derniers jihadistes.

"Militairement, l'EI est défait, mais nous allons maintenant poursuivre ses résidus pour éradiquer leur présence", a expliqué à l'annonce de la victoire à Rawa, le général Yahya Rassoul, porte-parole du commandement militaire irakien.

"Les jours du faux califat sont comptés", a écrit sur Twitter l'émissaire du président américain, Brett McGurk.

Comme il y a exactement deux semaines à Al-Qaïm, gros bourg voisin proche, les troupes gouvernementales et paramilitaires ont progressé rapidement à Rawa, ne rencontrant quasiment pas de résistance.

Les jihadistes, assurent militaires et responsables locaux, fuient généralement vers la Syrie peu avant l'arrivée des troupes irakiennes.

Cette fois-ci, celles-ci se sont annoncées, depuis l'autre rive de l'Euphrate, en appelant les habitants à hisser des drapeaux blancs et en multipliant les appels à la reddition des jihadistes via une chaîne de radio.

Moins de trois heures après l'annonce du début de l'assaut, le commandement irakien annonçait "la libération de l'ensemble de Rawa où le drapeau irakien a été hissé sur les bâtiments officiels".

Mais les opérations de "nettoyage et de déminage" des bombes et autres explosifs laissés par les jihadistes, comme à chaque bataille, se poursuivent, a indiqué à l'AFP le général Nomane al-Zobaï, commandant de la 7e division de l'armée irakienne, depuis Rawa, à 350 kilomètres à l'ouest de Bagdad.

- Acculé en Syrie -

Le Premier ministre Haider al-Abadi, commandant en chef des armées, a salué "une libération en un temps record" et souligné que les forces "poursuivent les opérations de ratissage du désert pour sécuriser la frontière avec la Syrie".

Exactement de l'autre côté de cette frontière, l'EI est aussi en posture difficile avec un nouvel assaut des forces du régime syrien contre son dernier fief urbain en Syrie, Boukamal, situé dans la riche province pétrolière de Deir Ezzor (est).

L'armée syrienne avait annoncé il y a une semaine avoir conquis Boukamal mais les jihadistes avaient réussi quelques jours plus tard à la reprendre.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'armée y est entrée de nouveau, avec l'appui de l'aviation russe. Depuis Moscou, le ministère russe de la Défense a indiqué que six avions bombardiers de longue portée avaient mené des raids sur des cibles jihadistes près de Boukamal vendredi.

L'EI contrôle toujours 25% de la province de Deir Ezzor --où un attentat à la voiture piégée visant des déplacés et imputé à l'EI a fait au moins 26 morts vendredi--, ainsi que certaines poches dans les provinces de Hama (centre), Damas, et dans le sud du pays.

Dans la province de Deir Ezzor frontalière d'Al-Anbar en Irak, une autre offensive distincte est menée contre l'EI par les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenus par Washington.

En resserrant l'étau autour de l'EI des deux côtés de la frontière, l'Irak et la Syrie sont en passe d'en finir avec le contrôle territorial des jihadistes mais doivent se préparer à voir ressurgir combattants et kamikazes jihadistes ailleurs dans les deux pays, préviennent les experts.

Car si les forces irakiennes ont redoré leur blason en remportant la bataille de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, après une offensive dévastatrice de neuf mois, le désert d'Al-Anbar est un théâtre d'opérations bien différent, connu de longue date pour être un lieu de passage des jihadistes comme des contrebandiers.

Avec AFP