L'enquête sur la Syrie doit se poursuivre malgré un départ retentissant selon Guterres

Le secrétaire-général de l'ONU donne une conférence de presse à Londres, le 11 mai 2017.

Le patron des Nations unies, Antonio Guterres, a estimé lundi que la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie devait poursuivre ses travaux malgré la démission de l'un de ses membres éminents, Carla Del Ponte, spécialiste des crimes de guerre.

Cette ancienne procureure a annoncé dimanche son départ en affirmant être "frustrée" face à une Commission qui "ne fait absolument rien". Connue pour son franc-parler et son impulsivité, Carla Del Ponte, 70 ans et de nationalité suisse, a accusé les membres du Conseil de sécurité "de ne pas vouloir établir la justice" en Syrie.

La Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a rédigé jusqu'à présent une dizaine de rapports sur des violations de droits de l'homme et des crimes de guerre commis en Syrie depuis le début du conflit il y a plus de six ans.

Antonio Guterres "regrette" la démission de l'ex-procureure, a déclaré lors d'un point-presse son porte-parole, Stéphane Dujarric. Il "la remercie pour son aide et sa contribution à un travail important de la Commission", a-t-il ajouté, en évoquant sa lutte "infatigable" tout au long de sa carrière pour que les auteurs de crimes rendent des comptes.

Le secrétaire général de l'ONU réitère l'importance de rendre justice pour les crimes commis contre des civils pendant la guerre en Syrie et "soutient la poursuite du travail de la Commission" à cet égard, a aussi précisé le porte-parole.

Carla Del Ponte travaillait pour cette Commission de l'ONU depuis septembre 2012. Elle a aussi lutté contre les crimes de guerre commis au Rwanda et dans l'ex-Yougoslavie.

La Commission d'enquête indépendante de l'ONU a été créée en août 2011 par le Conseil des droits de l'homme. Présidée par le Brésilien Paulo Pinheiro, la Commission n'a jamais été autorisée par Damas à se rendre en Syrie. Elle a souvent demandé au Conseil de sécurité d'obtenir de la Cour pénale internationale (CPI) l'ouverture d'une enquête sur les crimes de guerre en Syrie. Une tentative en ce sens en 2014 du Conseil de sécurité s'était heurtée à une opposition de la Chine et de la Russie, principal soutien de Damas.

Avec AFP