"Les autorités légitimes du Venezuela considèrent ces sanctions comme illégales et nous nous joignons totalement à ce point de vue", a fustigé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, accusant Washington d'"ingérence flagrante".
"Nous allons défendre nos intérêts dans le cadre du droit international, en utilisant tous les mécanismes à notre disposition", a-t-il ajouté, alors que la Russie a investi des milliards de dollars dans les hydrocarbures et les armes au Venezuela.
Principal créancier de Caracas, la Chine s'est elle aussi dite "opposée à des sanctions unilatérales", via le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Geng Shuang. Ces sanctions "vont mener à une détérioration dans la vie de la population au Venezuela, et (ceux qui les ont imposées) devraient être responsables des graves conséquences".
Déterminé à provoquer le départ de Nicolas Maduro, le Parlement vénézuélien, dirigé par l'opposant Juan Guaido, 35 ans, qui lui dispute la place à la tête de l'Etat, se réunit mardi pour débattre d'un "plan de sauvetage du pays" et de la possibilité d'"élections libres et transparentes".
- Bataille diplomatique -
Fort de son soutien à l'international, Juan Guaido appelle à manifester mercredi puis samedi, alors que tous les regards sont tournés vers son pays, en plein naufrage économique et au coeur d'une bataille diplomatique internationale.
Outre Pékin et Moscou, Nicolas Maduro reste notamment soutenu par la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba.
Mais de plus en plus de voix se rallient à Juan Guaido, notamment en Europe où six pays (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné jusqu'à dimanche au président socialiste pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront son adversaire.
Les Etats-Unis ont déjà franchi ce pas et considèrent Juan Guaido comme président par intérim.
Lundi, les Etats-Unis encore fait monter la pression en visant la compagnie pétrolière vénézuélienne PDVSA, à laquelle ils ont interdit de faire du commerce avec des entités américaines et dont ils ont gelé les avoirs à l'étranger.
"Le sang qui peut couler au Venezuela sera sur vos mains, Donald Trump", a réagi Nicolas Maduro, furieux après l'annonce de ces sanctions.
Les manifestations d'opposants ont fait plus de 40 morts en une semaine, a affirmé l'ONU mardi. Un bilan légèrement supérieur à celui de l'ONG vénézuélienne Provea, qui a fait état d'au moins 35 morts, mais a aussi évoqué huit "exécutions illégales" après ces manifestations, lors d'opérations policières.
- "Confrontation entre frères" -
Jusqu'à présent, Nicolas Maduro se montre inflexible : il rejette l'ultimatum des Européens et accuse les Etats-Unis d'agir en coulisses de ce qu'il considère un coup d'Etat : "L'opposition doit ignorer les appels de l'Empire (les Etats-Unis, ndlr) qui visent à la confrontation entre frères", a-t-il tweeté mardi.
Juan Guaido a affirmé avoir "discuté avec le président (Trump), de même qu'avec d'autres présidents de la région et du monde" et pris le contrôle des actifs du Venezuela à l'étranger et aavoir entamé "le processus de nomination des comités de direction de PDVSA et Citgo", filiale de raffineries aux Etats-Unis.
Le Venezuela dispose des plus importantes réserves de brut au monde, même si sa production a fondu par manque d'entretien de ses installations.
"Ils veulent nous voler l'entreprise Citgo, à nous les Vénézuéliens", a dénoncé Nicolas Maduro, en annonçant des poursuites contre les Etats-Unis.
- L'armée courtisée -
Le deuxième angle d'attaque de l'opposition et de Washington est l'armée, l'autre pilier qui maintient au pouvoir le chef de l'Etat depuis 2013.
John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, a exhorté l'armée à accepter une transition "pacifique, démocratique et constitutionnelle" du pouvoir.
Et Juan Guaido a offert l'amnistie aux fonctionnaires et militaires acceptant de le soutenir.
Des dissensions commencent à apparaître: attaché militaire du Venezuela à Washington, le colonel José Luis Silva a fait défection samedi.
Outre la violence, la communauté internationale redoute la catastrophe humanitaire dans ce pays, qui se débat aujourd'hui entre hyperinflation (10.000.000% en 2019 selon le FMI) et graves pénuries d'aliments et de médicaments.
Avec AFP