Ces derniers estiment que ces arrestations de partisans de l'opposition, de journalistes et de critiques du gouvernement représentent un retour à une politique répressive que beaucoup pensaient révolue depuis la prise de fonction du Premier ministre réformateur, Abiy Ahmed, en avril 2018.
Lire aussi : Ethiopie: au Tigré, la colère enfle à l'égard d'Abiy Ahmed"Ils recourent à la violence (...), à une tactique musclée", a déclaré le journaliste et ancien prisonnier politique Eskinder Nega, lors d'une conférence de presse à Addis Abeba.
M. Abiy a été salué pour avoir libéré des prisonniers politiques et amélioré la liberté de la presse, mais les observateurs craignent que la réponse aux assassinats du 22 juin ne signalent une régression dans ce domaine.
Cinq hauts responsables éthiopiens, dont le chef d'état-major de l'armée éthiopienne et le président de la région amhara, ont été tués dans deux attaques séparées à Bahir Dar (nord-ouest), capitale de l'Amhara, et Addis Abeba.
Les autorités ont annoncé les arrestations de plus de 250 suspects la semaine qui a suivi ces attaques, qualifiées de coup d'Etat contre les autorités régionales amhara et attribuées à un ethno-nationaliste amhara.
Lire aussi : Plus de 250 arrestations en lien avec la "tentative de coup d'Etat" régional en EthiopieMais M. Nega assure que "près de 1.000" personnes ont en fait été arrêtées, dont la plupart sont des critiques du gouvernement. Une affirmation qui n'a pu être vérifiée de manière indépendante par l'AFP.
"Le monde doit comprendre qu'il y a maintenant des prisonniers politiques qui sont enfermés, des prisonniers d'opinion, et le monde devrait nous apporter son soutien", a-t-il plaidé.
Contacté par l'AFP, le gouvernement éthiopien n'a pas réagi dans l'immédiat à ces accusations.
La conférence de presse de M. Nega a été interrompue par une poignée d'hommes brandissant des drapeaux éthiopiens, le traitant de menteur et l'accusant d'attiser les tensions politico-ethniques qui fracturent le pays.
Fisseha Tekle, d'Amnesty International, a également dit mercredi à l'AFP que le nombre de personnes arrêtées était plus important que celui fourni par le gouvernement, et qu'elles le sont pour leurs opinions politiques et leurs activités.
Mardi, Amnesty International et le Comité pour la protection des journalistes ont évoqué des menaces à l'encontre de la presse éthiopienne. Amnesty a rapporté l'arrestation de deux journalistes, inculpés en vertu de lois contre le terrorisme "utilisées par les précédents gouvernements pour monter des accusations fallacieuses contre ses critiques".
Un responsable du ministère de la Défense a affirmé cette semaine que le ministère poursuivrait tout journaliste soupçonné de faire circuler de fausses informations.