L'ex-directeur du protocole de Bouteflika incarcéré pour corruption

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, à gauche, et son frère Said Bouteflika, dans le quartier Hydra d'Alger, le 10 avril 2009.

L'ex-directeur du protocole de la présidence algérienne, qui occupa ce poste stratégique sous les trois derniers mandats d'Abdelaziz Bouteflika, a été inculpé dans une affaire de corruption et incarcéré, a annoncé mardi une source sécuritaire.

Diplomate de carrière nommé en 2005, Mokhtar Reguieg avait été limogé quelques jours après la démission, le 2 avril 2019, de M. Bouteflika, sous la pression d'un mouvement ("Hirak") populaire de contestation sans précédent, né moins de deux mois auparavant.

Il a été placé en détention provisoire tard dans la soirée de dimanche à lundi après avoir été entendu par un magistrat à Alger dans une affaire de trafic de produits alimentaires subventionnés, a précisé à l'AFP la source ayant requis l'anonymat.

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L'Etat algérien est très présent dans l'économie du pays et consacre une large partie de son budget aux subventions, entre autres, de nombreux produits alimentaire de base (farine, semoule, sucre, huile...).

Selon l'agence de presse officielle APS, quatre autres personnes ont également été placées en détention provisoire dans cette affaire, parmi lesquelles Hocine Metidji, puissant patron du groupe éponyme, spécialisé dans la production de produits agroalimentaires issus des céréales.

M. Metidji est le principal accusé dans cette affaire dans laquelle ont également été entendus, selon des médias locaux, deux anciens Premiers ministres de M. Bouteflika, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, condamnés respectivement à 15 et 12 ans de prison dans un autre dossier de corruption en décembre.

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Depuis la démission de M. Bouteflika, la justice algérienne a, sous l'impulsion du haut commandement militaire, pilier du régime, lancé une série d'enquêtes anticorruption visant d'anciens hauts dirigeants politiques et puissants hommes d'affaires proche de M. Bouteflika.

Une vingtaine d'anciens hauts responsables politiques, dont d'anciens ministres, et une dizaine de riches patrons sont actuellement incarcérés, certains déjà condamnés à de lourdes peines, d'autres en attente de procès.

Les 20 ans de présidence de M. Bouteflika ont été marqués par plusieurs scandales de corruption et l'enrichissement d'"oligarques" bénéficiant de liens privilégiés avec l'entourage présidentiel.

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Certains observateurs estiment néanmoins que ces enquêtes répondent au double objectif d'offrir "des têtes", symboles des années Bouteflika, à la contestation, tout en réglant des comptes au sein de l'entourage du président déchu, dans le cadre de luttes de clans au sommet du régime, caractérisé par son opacité.