L'ex-Premier ministre grec Papademos blessé par l'explosion d'un engin dans sa voiture

L'ex-Premier ministre Lucas Papademos, 30 janvier 2012.

Le ministre de la Communication grec a dénoncé un "acte haineux" en annonçant l'explosion jeudi d'un engin dans la voiture de l'ex-Premier ministre Lucas Papademos.

L'ancien Premier ministre grec a été blessé jeudi dans l'explosion d'un engin dans sa voiture à Athènes, selon des médias d'Etat, le ministre de la Communication dénonçant un "acte haineux".

Cet acte n'avait pas été revendiqué en milieu de soirée.

M. Papademos, 69 ans, qui a été à la tête d'un gouvernement de coalition en 2011 et 2012, au pic de la crise grecque, aurait été victime de l'explosion d'une lettre piégée à l'arrière de son véhicule.

Il souffre selon l'hôpital de "blessures superficielles à la poitrine, à l'abdomen et aux jambes".

"Je condamne sans réserve l'attaque contre Lucas Papademos et lui souhaite un prompt rétablissement ainsi qu'aux personnes qui l'accompagnaient", a fait savoir le Premier ministre Alexis Tsipras, de Bruxelles où il participe au sommet de l'Otan.

"M. Papademos et ses gardes du corps sont dans un état stable et peuvent communiquer", a précisé pour sa part le porte-parole du gouvernement Dimitris Tzanakopoulos en sortant de l'hôpital.

Il a assuré que la police ferait "tout le nécessaire pour éclaircir cette affaire".

L'ancien Premier ministre venait juste de quitter l'Académie d'Athènes, qu'il préside cette année, quand l'explosion s'est produite sur une avenue passante.

Un employé d'une boutique de cycles a vu de la fumée sortir de la Mercedes noire et ses occupants en sortir avec les vêtements déchirés.

La voiture, restée dans le sens de la circulation, ne laissait pas apparaître de gros dégâts, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Selon la télévision d'Etat ERT, le blindage du véhicule a pu aggraver les blessures en contenant l'explosion à l'intérieur de l'habitacle.

Plusieurs médias ont par ailleurs raconté que la lettre piégée contenait de la poudre à pétards, une méthode utilisée par le groupe anarchiste Conspiration des Cellules de Feu, qui avait revendiqué en mars l'envoi d'une lettre piégée au ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble.

- 'Coup porté à la dignité des Grecs' -

M. Papademos, ancien gouverneur de la Banque de Grèce, de 1994 à 2002, et ex-vice président de la Banque centrale européenne, de 2002 à 2010, avait négocié pendant ces quelques mois une réduction massive de la dette de son pays détenue par les banques.

Il avait succédé au socialiste Georges Papandreou après la démission de celui-ci et avait fait voter un train de dures mesures d'austérité avant de quitter à son tour ses fonctions.

M. Papandreou a considéré jeudi cette attaque "contre un homme que nous avions invité à aider la Grèce en temps de grande difficulté" comme "un coup porté à la dignité de chaque citoyen grec".

Pour sa part, l'actuel gouverneur de la Banque de Grèce Yannis Stournaras a assuré que l'attaque "ne nous ferait pas plier".

Les médias grecs commençaient à faire le rapprochement avec la lettre piégée reçue en mars par les services de Wolfgang Schäuble.

A l'époque, les polices grecque et française avaient estimé que la Conspiration des Cellules de Feu avait également été responsable de l'arrivée au siège parisien du FMI, le même jour, d'un autre paquet piégé qui avait légèrement blessé une femme.

D'autres lettres piégées, adressées à des institutions, avaient été interceptées dans les jours suivants dans un centre de tri d'Athènes.

Le groupe figure sur la liste des organisations terroristes établie par Washington. Il avait déjà envoyé de telles lettres à des ambassades en Grèce et à des dirigeants européens en 2010.

Il appartient à la mouvance anarchiste, active en Grèce où elle est très remontée contre les institutions qu'elle considère comme responsables de la crise.

En 2011, plusieurs membres du groupe avaient été condamnés et emprisonnés pour "participation à une organisation criminelle", mais trois ans plus tard il avait annoncé sa reformation, se livrant depuis à des attaques sporadiques, généralement sans faire de victimes.

Par le passé, Eleftherios Venizelos, considéré comme le fondateur de la Grèce moderne, avait échappé de peu à un attentat dans Athènes en 1933, de même, en 1968, que le dictateur Georgios Papadopoulos.

Avec AFP