L'ex-président du Nigeria absent du tribunal où il devait comparaitre

L'ancien dirigeant nigérians Goodluck Jonathan salue la foule à Abuja, Nigeria, le 29 mai 2015.

Un tribunal nigérian a ordonné mardi à l'ex-président Goodluck Jonathan de se présenter comme témoin à la barre dans une grosse affaire de corruption visant son ancien porte-parole.

L'ordonnance du juge de la Haute Cour fédérale d'Abuja est un retournement inattendu dans l'affaire du "Arms Scam", scandale de détournement de fonds de 2 milliards de dollars, qui auraient servi à financer la campagne électorale de M. Jonathan en 2015.

Olisa Metuh, ancien conseiller en communication, est actuellement inculpé pour avoir reçu une partie de cette somme -400 millions de nairas (945.000 euros)-, qui, selon une enquête menée par la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC), aurait été détournée par le conseiller en sécurité de l'époque, Sambo Dasuki.

Lundi, devant la Cour, l'avocat de M. Metuh avait demandé la présentation de l'ex-président Jonathan comme témoin, assurant que son client n'avait agi que sur les ordres de la présidence. Le procureur Tahir Silvanus a assuré mardi qu'il se "réjouissait d'entendre (...) l'ancien président à la barre", pour "permettre que justice soit faite".

Le juge Abang Okon a conclu n'avoir "pas d'autre option que de faire signer une ordonnance, demandant à Goodluck Jonathan de se présenter à la Cour, mercredi 25 octobre 2017 pour apporter des éléments au dossier".

L'avocat de l'inculpé, Onyechi Ikpeazu, avait déjà obtenu la comparution du général Dasuki comme témoin dans cette affaire.

Incarcéré depuis 2015 malgré de nombreuses décisions de justice demandant sa libération sous caution, M. Dasuki est accusé d'avoir détourné 2 milliards de dollars destinés à équiper l'armée nigériane, notamment pour lutter contre l'insurrection du groupe jihadiste Boko Haram.

Selon l'enquête de la commission anti-corruption, cet argent a ensuite été distribué à des membres éminents du Parti démocratique populaire (PDP), l'ancien parti au pouvoir.

M. Dasuki avait assuré également lors de l'une de ses audiences à la Cour que le président était au courant de cette affaire de détournements.

En janvier 2016, dans un entretien avec l'AFP, l'avocat de M. Dasuki, Ahmed Raji, avait assuré "ne pas pouvoir parler de cette affaire sans parler du président Jonathan".

Il a toutefois demandé que la comparution de son client comme témoin dans l'affaire Metuh soit ajournée, affirmant qu'après avoir passé autant de temps en détention, "il n'est pas dans de bonnes conditions pour répondre". "Et il en va de son droit constitutionnel de garder le silence", a ajouté son avocat.

De son côté, la présence ou non de l'ex-président mercredi devant le tribunal dépendra de la réception à temps de sa convocation.

Avec AFP