L’ex-président de l’Assemblée nationale centrafricaine, récemment déchu de son mandat de député par la Cour constitutionnelle qui l'accuse comme l'ONU d'avoir "incité" des groupes armés à renverser le pouvoir, a quitté la Centrafrique, ont affirmé mercredi à l'AFP deux de ses proches.
Karim Meckassoua est un ancien proche de l'ancien chef de l'Etat François Bozizé, renversé en 2013 lors d'une guerre civile, dont il fut ministre et conseiller. Il a notamment été candidat aux deux dernières présidentielles de 2015 et 2020.
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En prononçant sa déchéance, la Cour constitutionnelle a largement repris les termes d'un récent rapport des experts de l'ONU sur la Centrafrique indiquant que M. Meckassoua avait "poussé les groupes armés et l’entourage de François Bozizé à lancer une action militaire pour destituer le président" Faustin Archange Touadéra fin décembre.
Karim Meckassoua "est persécuté par le régime du président. Il s'est enfui pour sa sécurité le 15 août", a expliqué à l'AFP un proche de l'opposant sous le couvert de l'anonymat.
"Il est parti par le Congo-Brazzaville. A l'heure où nous parlons, il est à Paris", a précisé à l'AFP un membre de son parti politique, le Chemin de l'espérance, ayant lui aussi requis l'anonymat.
Contacté par l'AFP, l'ancien député, qui avec sa déchéance a perdu son immunité parlementaire, n'était pas joignable.
"L'appartenance de Karim Meckassoua à des groupes armés et le fait d'inciter à la prise de pouvoir par la force concourent à sa déchéance pure et simple", avait estimé la juridiction suprême.
Une semaine avant la présidentielle du 27 décembre 2020, six des plus puissants groupes armés qui se partageaient alors la majeure partie de la Centrafrique, en guerre civile depuis 2013, se sont alliés au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) et ont lancé une offensive pour empêcher la réélection de M. Touadéra.
L'ancien président de l'Assemblée nationale - destitué du perchoir par les députés en 2018 pour des malversations présumées - avait de son côté fait valoir que la Cour constitutionnelle était "incompétente" pour le déchoir de son mandat.
Depuis janvier, les forces armées centrafricaines, épaulées par des militaires rwandais et des paramilitaires russes, ont chassé les rebelles de la plupart des villes dont ils avaient pris le contrôle lors de leur offensive de décembre.