À quand le changement d’appellation de la variole du singe ? L’hypothèse déjà envisagée en juin dernier par l’organe directeur de la santé mondiale afin d’éviter la stigmatisation des porteurs du virus, relève désormais d’une nécessité absolue pour les responsables de New York.
Lire aussi : La variole du singe désormais urgence de santé publique aux Etats-UnisLa ville américaine a, en effet, demandé, via une lettre adressée mardi 26 juillet 2022 au patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, le changement immédiat de dénomination de cette maladie en expansion dans le monde depuis sa résurgence avec la découverte, en mai 2022, de cas au Royaume-Uni.
Elle s’est depuis étendue à 78 pays, avec plus de 18 000 infections dont cinq morts, obligeant l’OMS à la classer en urgence de santé publique de portée internationale.
Les germes d’une méprise
Contrairement à ce que son nom pourrait suggérer, la maladie appelée "monkeypox" en anglais et dont les rongeurs sont le principal foyer de provenance, n’a pas grand-chose à voir selon les spécialistes, avec le singe. Ce dernier lui est associé à l’origine en raison de la découverte du virus chez l’animal en 1958 dans un laboratoire danois.
Le grand public, bien entendu, n’est pas forcément au fait de cela. D’autant que la maladie avait été, par le passé, rarement localisée hors des régions occidentale et centrale de l’Afrique. Elle y est d’ailleurs endémique.
Une grande proportion des contaminations recensées jusqu’ici concerne des personnes homosexuelles, même si cette communauté n’y est pas plus prédisposée que le reste de la population. Toute personne est susceptible de contracter le virus transmissible par contact, à en croire les scientifiques.
Risques de stigmatisation
Ce sont autant de sources de stigmatisation potentielle, selon la municipalité de New York, épicentre de la maladie aux États-Unis avec 1228 des 4 639 cas dénombrés au 27 juillet 2022 dans l’ensemble du pays par le CDC, l’agence américaine de santé publique.
"Persister à appeler l’épidémie variole du singe pourrait raviver des sentiments de racisme et de stigmatisation à l’égard des Noirs, d’autres personnes de couleurs ainsi que des membres de la communauté LGBTQIA+", peut-on lire dans le courrier adressé à l’OMS sous la plume d’Ashwin Vasan, commissaire à la Santé de la ville de New York, disponible sur Twitter.
L’autorité municipale rappelle à cet effet les épisodes de discrimination vécus par la communauté asiatique au fort temps du Covid-19 en 2020. Dans une rhétorique particulièrement controversée, l’ancien président Donald Trump parlait publiquement à l’époque du "virus chinois" en rapport avec Wuhan, la ville du centre de la Chine où ont été découverts les premiers cas.