L'ONG WWF consulte les communautés pour la création d'un parc au nord de Brazzaville

Une communauté pygmée de Souanke discutant de la création du Parc Messeko Dja, à Brazzaville, le 13 mars 2019. (VOA/Arsène Séverin)

Les autorités du Congo-Brazzaville, appuyées par une ONG britannique, WWF, veulent créer un cinquième parc national. Seulement, les populations riveraines ne sont pas totalement d'accord. Et WWF a décidée d'organiser une concertation avec les populations.

C'est pour la première fois, dans la création des parcs nationaux au Congo, que les communautés sont directement consultées. Sont-elles d'accord ou pas de vivre dans le voisinage d'un parc national?

Les populations estiment que cette consultation n'est qu'un bleuf. Ici à Souanke, au quartier Ngomane, les voix s'élèvent.

Your browser doesn’t support HTML5

Congo-Brazzaville : Les riverains n’adhèrent pas à l’idée d’un cinquième parc

"Nous avons besoin d'une école et d'un hôpital, cela va nous aider. Mais pour le parc, nous sommes d'accord", selon habitant.

Plus loin, au village Dja, dans le district de Sembe, le conflit homme-éléphant complique le processus de création de la réserve Messok-Dja. Les populations posent leurs conditions.

"Nos doléances que nous soumettons au sujet de la dévastation des champs, que nous présentons au niveau de WWF ou du gouvernement, n'ont pas de suite. Avant, il n'y avait pas de parc, nos biens sont dévastés. Qu'en sera-t-il si on créait le parc ici ? On va manger quoi ? Je suis victime, j'ai perdu 5 hectares de bananiers et des jeunes cacaoyers piétinés, du manioc détruit. Tout cela fait mal au cœur".

Un pygmée expliquant aux membres de sa communauté l'intérêt du nouveau parc, à Brazzaville, le 13 mars 2019. (VOA/Arsène Séverin)

C'est pour combler tous ces écueils que l'ONG britannique, le Fonds mondial pour la nature, WWF, organise des consultations pour expliquer l'intérêt de cette aire protégée. Un consortium d'ONG a même été mis place pour faire le pour mener à bien cette mission.

"L'un de préalable de notre travail, c'est de préciser aux communautés qu'elles ne doivent subir aucune pression, quelle que soit la source. Cette pression ne doit pas venir de nous en tant que facilitateurs qui avons la responsabilité d’implémenter le CLIP. Elle ne doit pas venir des autorités locales, et non plus de WWF", a expliqué Martial Dina de l'ONG Brainforest du Gabon.

Lilian Barros du Comptoir juridique junior du Congo abonde dans le même sens. "Il faut qu'il y ait cette consultation pour que les communautés donnent leur avis en connaissance de cause, mais en même temps, qu'elles connaissent aussi les droits qui seront appliqués quand on aura mis en place l'aire protégée, et quelles sont les restrictions qui vont arriver", a-t-il souligné.

Lire aussi : Les ministres d'Afrique centrale veulent accélérer l'intégration numérique

Les populations estiment que les autorités finiront bien par se passer de leur avis. Pourquoi alors les distraire par cette consultation? se demandent-ils. Mais Dieudonné Patrice Ekoutouba Bobomela, Coordonnateur de l'Espace Tridom interzone Congo pense le contraire.

"Les études sont vraiment avancées avec les populations riveraines qui sont autour de la nouvelle aire protégée, qui est en création. A ce niveau, on a déjà identifié les zones d'activités de ces communautés", a-t-il assuré

Pour l'heure, les débats se poursuivent, et diverses interprétations se font du processus de création du futur parc national Messok Dja.