L'ONU appelée à renforcer sa mission de paix en Centrafrique

Reunion avec la société civile et la plateforme religieuse avec Antonio Guterres, à Bangui, Centrafrique, le 26 octobre 2017. (VOA/Freeman Sipila)

Le Conseil de sécurité de l'ONU est appelé mercredi à voter un renouvellement du mandat de sa force de paix en Centrafrique, incluant une révision de sa mission et une augmentation de ses troupes de 900 militaires.

Ce renforcement avait été demandé par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres qui a mis en garde contre un risque de nettoyage ethnique dans le pays.

En vertu du projet de résolution renouvelant le mandat de la Minusca, rédigé par la France, la force serait autorisée à déployer sur le terrain jusqu'à 11.650 personnes, dont 2.080 policiers et 480 observateurs militaires.

"Les Etats-Unis ne sont pas opposés par principe à une augmentation modeste de troupes pour la Minusca, mais à la condition que les militaires supplémentaires apportent un réel plus" à la mission, a fait savoir Washington. Ils devront "faire preuve des plus hauts standards professionnels et s'abstenir de tout abus sexuel", selon la même source.

Les interventions armées de la France (2013-2016) et de l'ONU ont permis de réduire les violences, notamment à Bangui. Samedi cependant, quatre personnes sont mortes et une vingtaine ont été blessées dans une attaque à la grenade contre un café de la capitale, suivie de représailles ayant fait trois morts.

En province, où les Casques bleus ne couvrent pas tout le territoire, 2017 a vu au contraire les affrontements reprendre en intensité entre groupes armés et des milices se disputant le contrôle des ressources dans ce pays de 4,5 millions d'habitants, l'un des plus pauvres au monde mais riche en minerais.

Le projet de résolution prévoit que les troupes de la Minusca soient plus mobiles et réactives. Il faut "tout faire pour augmenter son efficacité et sa capacité sur le terrain", a récemment souligné Antonio Guterres lors d'une visite dans le pays, sa première auprès d'une opération de paix depuis son entrée en fonctions en janvier.

- Enquête spéciale -

Lundi, l'ONU a annoncé l'ouverture d'une "enquête spéciale indépendante" sur de possibles défaillances des Casques bleus lors d'attaques par des groupes armés contre des civils à proximité desquels se trouvaient des militaires de l'ONU.

Cette "enquête spéciale est déclenchée dans un contexte de récente détérioration de la situation sécuritaire dans le sud-est du pays, avec l'objectif d'améliorer la capacité de la Mission à empêcher des violences et à protéger des civils sous une menace immédiate, avec ses moyens et dans ses zones de déploiement", a précisé l'ONU

La Minusca, qui peine à rétablir l'ordre, a perdu 12 soldats depuis début 2017.

Accusés par leurs détracteurs de "passivité" et parfois même de "collusion" face aux groupes armés, les contingents onusiens font aussi face à une avalanche d'accusations d'agressions sexuelles. En juin, un bataillon de plus de 600 soldats du Congo-Brazzaville avait été renvoyé chez lui après des accusations d'agressions sexuelles et divers trafics. En 2016, 120 Casques bleus de la même nationalité avaient déjà été renvoyés pour les mêmes motifs.

"Si nous devons éviter que le pays entier ne retombe dans la guerre civile, il y a un besoin urgent d'une meilleure protection des populations civiles", a réclamé mardi l'ONG Norwegian Refugees Council (NRC).

A terme, la mission de l'ONU doit être remplacée par les Forces armées centrafricaines (FACA). Fin octobre, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a promis que les premières forces formées par l'Union européenne seraient déployées d'ici à trois mois - et ce, malgré un embargo sur l'acquisition d'armes imposé par l'ONU depuis 2013.

Le texte de la résolution soumise aux 15 membres du Conseil de sécurité exprime l'"inquiétude" du Conseil face à la "dégradation de la situation sécuritaire dans le sud-est et le nord-ouest".

Le pays est embourbé dans un conflit depuis le renversement en 2013 du président François Bozizé par une coalition pro-musulmane (l'ex-Séléka), qui a entrainé une contre-offensive de milices pro-chrétiennes autoproclamées d'"autodéfense" (antibalaka, ou antimachettes).

En raison des violences, plus de 600.000 personnes sont déplacées en Centrafrique et 500.000 sont réfugiées dans des pays voisins. Environ 2,4 millions de Centrafricains, soit la moitié de la population, sont dépendants d'une aide internationale.

Avec AFP