Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, l'Union européenne et les Etats-Unis souhaitaient initialement la création d'une véritable "mission internationale indépendante". Mais Kinshasa s'y opposant fermement, les pays occidentaux ont préféré trouver un compromis avec les pays africains, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources proches des négociations.
"Cela n'a pas été facile. Mieux vaut une solution d'équilibre avec la participation du pays", a expliqué à l'AFP une source occidentale.
Le texte adopté par consensus par les 47 Etats membres du Conseil "demande au Haut-Commissaire aux droits de l'homme d'envoyer une équipe d'experts internationaux, y compris des experts de la région" pour enquêter sur "les violations des droits de l'homme et abus présumés, et sur les violations du droit international humanitaire dans les régions du Kasaï".
Ils devront "recueillir et conserver des renseignements" sur ce qui s'est passé et "déterminer les faits et les circonstances", puis partager leurs conclusions avec l'ONU et les autorités judiciaires congolaises.
La résolution demande à la RDC de coopérer avec les experts, qui devront, eux, veiller à ce que "les auteurs des crimes" soient jugés par la justice congolaise.
Si la résolution est adoptée, les experts devront présenter un premier rapport oral lors de la 36e session du Conseil en septembre, ainsi qu'un rapport écrit lors de la 38e session, en juin 2018.
Depuis septembre 2016, la région du Kasaï, dans le centre de la RDC, est secouée par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août dernier lors d'une opération militaire après s'être révolté contre le pouvoir de Kinshasa.
Le Haut-Commissaire a de nouveau accusé mardi les autorités congolaises de fortes responsabilités dans les violences au Kasaï, dénonçant des cas de mutilations d'enfants, de viols et de femmes enceintes éventrées. Des violences qui, selon l'Eglise catholique, ont fait plus de 3.000 morts en huit mois.
L'ONU parle de 42 fosses communes.
D'après l'ONU, de nombreuses victimes et des témoins ont déclaré qu'une milice, appelée Bana Mura, "était organisée et armée par les autorités locales".
Depuis des mois, l'ONU accuse aussi les Kamwina Nsapu d'enrôler des enfants-soldats et d'avoir commis des atrocités, tout en dénonçant l'usage disproportionné de la force par l'armée congolaise.
Deux experts de l'ONU - la Suédo-chilienne Zaida Catalan et l'Américain Michael Sharp - ont été tués en mars dans le Kasaï. Ils faisaient partie d'un groupe d'experts qui enquêtaient sur les fosses communes découvertes dans la région.
Avec AFP