L'opposition nigérienne de retour au parlement et à la commission électorale

Le président du Niger Mahamadou Issoufou donne un discours à Niamey, le 2 avril 2016.

Après avoir appelé à boycotter le scrutin, l'opposition décide de faire son grand retour en continuant à critiquer le processus électoral, et dénonce un coup de force du président Mahamadou Issoufou pour se maintenir au pouvoir.

L'opposition nigérienne, réunie au sein de la Coalition pour l'alternance (Copa 2016), a décidé de retourner au parlement et de reprendre sa place à la commission électorale, selon un communiqué consulté lundi par l'AFP.

"Nonobstant sa décision pertinente de ne pas reconnaître la légitimité des institutions issues des élections présidentielles et législatives (...) la Copa décide de mettre fin à la suspension de la participation de ses représentants à l'Assemblée nationale, et à la Commission électorale nationale indépendante (Céni)", précise ce communiqué de l'opposition.

Au lendemain du premier tour de la présidentielle du 21 février, la Copa a dénoncé un coup de force du président Mahamadou Issoufou pour se maintenir au pouvoir. Elle s'est retirée de la Céni et du processus électoral et affirmé qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultats des scrutins et les institutions qui en seront issus.

La Copa a aussi rejeté la proposition d'Issoufou d'un gouvernement d'union nationale et conditionné "tout dialogue" à une "transition" vers de nouvelles élections "transparentes et crédibles".

L'opposition justifie son revirement par le souci "de recadrer" ses "actions" pour porter "la lutte au sein du Parlement" afin d'éviter qu'il soit "une simple caisse de résonance".

Mais ce revirement de l'opposition suscite des réactions musclées. Selon un analyste politique joint à Niamey par VOA Afrique, "le ventre" a primé sur "la raison". Pour le professeur Issoufou Yaya, la motivation exprimée par l'opposition ne lui paraît pas "logique".

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Issoufou Yaya joint par Eric Manirakiza

La Copa a également décidé de participer aux élections locales prévues le 9 mai et "exige la libération de tous ses militants détenus" depuis fin 2015 dont plusieurs ont été élus députés.

Le président Issoufou a été réélu avec 92,51% des voix lors du second tour de la présidentielle, contre 7,49% à l'opposant Hama Amadou, emprisonné dans le cadre d'une affaire de trafic présumé d'enfants. Ce dernier n'avait pas pu faire campagne.

L'opposition, qui a dénoncé "une mascarade électorale", avait appelé à boycotter le scrutin.

Le 11 avril le président Issoufou a nommé un gouvernement de 40 ministres (bien 40), tous issus de son parti et des partis alliés.

Avec AFP