L'orpaillage clandestin visé au Tchad

L'armée tchadienne à N'Djamena, au Tchad, le 28 avril 2018. (VOA/André Kodmadjingar)

Le gouvernement tchadien va en guerre contre les orpailleurs installés dans les provinces du Tibesti et du Batha situées dans l’est du pays depuis plusieurs années. Il mobilise toutes les forces de sécurité pour les déloger immédiatement après l’attaque des forces gouvernementales dans cette partie du pays, le 11 août dernier par des rebelles tchadiens.

Après l’ouverture d’une information judiciaire contre X pour fait de terrorisme par le procureur de la République suite à l’attaque du 11 août dernier, revendiquée par les politico-armés regroupés au sein du Conseil de commandement militaires pour le Salut de la République, le gouvernement passe à une vitesse supérieure.

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Reportage d'André Kodmadjingar, correspondant à N'Djamena pour VOA Afrique

L’ordre a été donné à toutes les forces de défense et de sécurité de déloger sans ménagement ces orpailleurs clandestins et de brûler leurs matériels informe le chef de la Sécurité publique.

Ces orpailleurs sont-ils complices de l’attaque du 11 août dernier pour mériter ce sort ?

Le ministre de Sécurité publique Ahmat Mahamat Bachir a déclaré que cela "constitue un réservoir de recrutement pour le mercenariat".

"ll y a des gens qui gagnent de l’or et ils rentrent tranquillement chez eux. Il y a d’autres qui n’ont pas gagné et ils trouvent scandaleux de rentrer chez eux et on les enrôle de l’autre côté", estime-t-il.

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"Dans tous les cas, ce sont des aventuriers : des trafiquants d’or, des trafiquants de drogue, des voyous de la république qui sont là-bas vous pensez qu’il faut les caresser dans le sens du poil ?", se demande-t-il.

Le député de l’opposition de la province du Batha, Rakhis Ahmat Saleh s’insurge contre cette déclaration. Il demande par ailleurs au gouvernement d’organiser ce secteur afin de booster l’économie nationale.​

"Je condamne vigoureusement la déclaration du ministre de la Sécurité, une déclaration de guerre qui vise la répression systématique d’une population innocente", a-t-il déclaré.

"Le gouvernement devrait se préoccuper plus de la sécurité des orpailleurs qui sont venus chercher leur gagne-pain. Cette gangrène des rebelles est connue. Ils ont commis leur forfait et je crois qu’ils sont repartis dans leur camp de base", confie-t-il.

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Youssouf Abbassalah ministre des Mines, du développement industriel, commercial et de la promotion du secteur privé, à N'Djamena, au Tchad, le 28 avril 2016. (VOA/André Kodmadjingar)

Pour Youssouf Abassalah, ministre des Mines, du développement industriel, le gouvernement a tenté de réglementer ce secteur par le passé, mais sans succès, compte tenu de l’afflux massif des Tchadiens et même des étrangers dans la zone à la recherche de l’or.

Selon lui, cette situation ne sera réglée que par l’application du code minier.

Le député de la majorité présidentielle du département de Tibesti, Ouest Djiddi Allahi Mahamat, se réjouit de la décision du gouvernement car selon lui, "les orpailleurs créent beaucoup de problèmes".

Des milliers de véhicules de ces orpailleurs, surtout les étrangers venus d’Afrique de l’Ouest, traversent déjà la frontière entre le Tchad et le Soudan.