Ramazani Shadary, désigné cette année pour représenter le camp Kabila à l'élection présidentielle prévue le 23 décembre, a été ministre de l'Intérieur entre décembre 2016 et février 2018.
A ce titre, l'Union européenne le considère comme un des responsables de l'arrestation d'opposants et de la "violente répression" de manifestations survenues en janvier-février 2017 à Kinshasa, selon un document officiel de l'UE.
Il est aussi question d'un "usage disproportionné de la force" pour réprimer le mouvement religieux Bundu Dia Kongo (BDK) et d'autres manifestations au Kasaï, dans le centre du pays.
En mai 2017, le nom de Ramazani Shadary comptait parmi ceux de neuf responsables de l'appareil sécuritaire congolais ajoutés à une liste de sept personnalités déjà sanctionnées à la suite de violences survenues en septembre 2016.
Lire aussi : Une ONG appelle à la reconduite des sanctions contre des personnalités en RDCCe total de 16 sanctionnés est ensuite tombé à 14 en février 2018 quand deux noms ont été transférés sur une autre liste, sous la responsabilité des Nations Unies, selon une source européenne.
Les sanctions consistent en un gel d'éventuels avoirs et une interdiction de visa pour l'Union européenne.
Elles ont été prolongées jusqu'au 12 décembre 2019, lundi à l'occasion du réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles.
Parmi les 14 hauts responsables visés figurent aussi le ministre de la Communication, Lambert Mende, le chef de l'Agence nationale de renseignements (ANR), Kalev Mutondo, et Evariste Boshab, prédécesseur de Ramazani Shadary au ministère de l'Intérieur.
En octobre, M. Ramazani Shadary avait protesté par la voix de ses avocats belges contre ces sanctions, jugées "injustes", et avait demandé leur levée.
Lire aussi : Ramazani Shadary demande à l'Europe la levée des sanctions "humiliantes" en RDCM. Ramazani Shadary a été désigné par le président Kabila et sa famille politique élargie au Front commun du Congo (FCC) candidat de la majorité à l'élection présidentielle qui doit se tenir le même jour que les législatives et les provinciales.
Au total, 21 candidats sont en course pour la succession du président Joseph Kabila qui ne peut briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution.
Lundi, le Conseil de l'UE - instance représentant les 28 pays membres - évoque dans son communiqué ce contexte électoral, et réaffirme "l'importance de la tenue d'élections crédibles et ouvertes à tous" dans le respect du peuple congolais.
"Le Conseil réexaminera à nouveau les mesures restrictives compte tenu des élections en RDC et se tient prêt à les adapter en conséquence", est-il aussi souligné.
Il y a dix jours, Joseph Kabila avait qualifié ces sanctions de "tout à fait illégales, injustes, arbitraires, orientées politiquement", dans un entretien avec le quotidien belge Le Soir.
"Moi, je fais pleinement confiance à tous ceux qui ont été sanctionnés, et surtout les officiers; je sais qu’ils défendent l’Etat de droit", avait affirmé le président.
Et d'enchaîner: "On me dit que si tout se passe bien lors des élections, les sanctions pourraient être levées. Mais moi je m’en fous. Pour les élections, tout va très bien se passer, et cela ne dépendra pas des sanctions".