L'Union africaine est en train d'élaborer des lignes directrices pour l'utilisation des cultures génétiquement modifiées sur le continent, suscitant l'inquiétude des activistes qui militent contre leur adoption.
Malgré les efforts concertés des programmes financés par les donateurs pour étendre l'utilisation des cultures génétiquement modifiées en Afrique, ces dernières ne sont jusqu’ici pas largement adoptées par les millions de petits exploitants qui constituent l'épine dorsale du secteur agricole sur le continent.
Pour l’heure seuls sept pays - l'Afrique du Sud, le Soudan, l'eSwatini, l'Éthiopie, le Malawi, le Nigeria et le Kenya - ont approuvé la production commerciale de cultures génétiquement modifiées, principalement du coton résistant aux insectes, écrit l'Union africaine (UA) dans un projet de rapport sur ses propositions de lignes directrices.
"Bien que très sensibles, les OGM sont déjà présents en Afrique, et certains pays (...) les utilisent à différents stades", a déclaré Peace Mutuwa, de l'unité agriculture et développement rural de l'UA.
Elle a déclaré que les directives visaient à protéger les consommateurs et les pays contre la consommation involontaire de produits génétiquement modifiés.
"La controverse sur la sécurité des denrées alimentaires, des aliments pour animaux et de l'environnement qui entoure la technologie du génie génétique en particulier rend les directives continentales extrêmement importantes", indique le projet de rapport de l'UA vu par Reuters.
Les partisans des OGM espèrent que les directives vont améliorer le rendement des cultures et la sécurité alimentaire, alors que les agriculteurs luttent contre les effets du changement climatique.
Sans eux, disent-ils, l'Afrique pourrait avoir du mal à nourrir une population en pleine expansion qui devrait presque doubler pour atteindre 2,5 milliards d'habitants d'ici 2050.
Cependant, certains militants anti-OGM contestent l'idée que la faim généralisée puisse être éliminée grâce aux cultures modifiées, qui, selon eux, piègent souvent les agriculteurs pauvres dans un cycle d'endettement consistant à acheter des semences et des produits agrochimiques inabordables.
"C'est mauvais pour les agriculteurs africains. Il ne s'agit en fait que de l'infiltration de l'agriculture africaine par les entreprises et de l'exploitation de cet énorme marché qui reste inexploité", a déclaré Frances Davies, de l'Alliance zambienne pour l'agroécologie et la biodiversité.
L'UA n'a pas fourni de calendrier pour la publication des directives, et encore moins de détails sur le processus de validation de ces lignes directrices.