La Bulgarie interdit le port du voile intégral face à la montée du salafisme

Femme en burqa à Paris le 11 avril 2011.

Le Parlement bulgare a adopté une loi interdisant le port du voile intégral en public, devenant avec la France et la Belgique un des Etats européens où une telle disposition est en vigueur.

La nouvelle législation "interdit le port sur les lieux publics de vêtements dissimulant partiellement ou complètement le visage", sauf s'il est imposé par des raisons de santé ou par le caractère de la profession exercée. Les mosquées sont affranchies de cette interdiction.

Les sanctions prévues sont une amende de 200 leva (100 euros) pour une première infraction, et de 1.500 leva (750 euros) pour chaque infraction suivante.

Le niqab, qui n'avait jusqu'alors jamais été porté par la minorité musulmane du pays, est apparu il y a trois ans dans le quartier rom de Pazardjik (centre), fief de l'imam autoproclamé Ahmed Moussa, condamné pour propagande islamiste radicale. Il s'est répandu à d'autres localités.

La ville de Pazardjik avait devancé la loi en avril en interdisant le port du voile intégral dans la commune. Huit femmes y ont été sanctionnées à ce jour et quatre autres villes se sont dotées d'une réglementation similaire.

La Bulgarie, majoritairement orthodoxe, compte environ 13% de musulmans, issus des minorités turque et rom. Le voile intégral n'y était pas porté avant la montée en puissance récente de quelques prédicateurs salafistes comme Ahmed Moussa.

L'adoption de la loi, à un mois de l'élection présidentielle du 6 novembre, a provoqué les protestations du parti de la minorité turque MDL qui a reproché aux autres partis de "semer l'intolérance religieuse". Les 30 députés du MDL ont boycotté le vote.

Le gouvernement minoritaire de centre droit de Boïko Borissov a en revanche bénéficié du soutien d'une formation nationaliste, le Front patriotique, auteur de la proposition de loi. Celle-ci prévoyait initialement des peines de prison et la privation d'aides sociales pour les porteuses du voile intégral.

L'ONG Amnesty International a réagi, estimant que "cette loi fait partie d'une tendance inquiétante d'intolérance, de xénophobie et de racisme en Bulgarie".

Avec AFP