La Chambre et le Sénat approuvent le budget, évitent un "shutdown"

Des copies de la proposition de budget du président Trump pour l'exercice 2019 remises aux bureaux du comité du budget de la Chambre des représentants des États-Unis, à Capitol Hill, à Washington, le 12 février 2018.

La Chambre des représentants et le Sénat ont adopté la loi finançant l'Etat fédéral américain au-delà de vendredi soir, malgré l'absence des dizaines de milliards de dollars réclamés par Donald Trump pour construire un mur à la frontière mexicaine.

Le Congrès devait absolument voter cette loi pour éviter une fermeture des administrations ou "shutdown" vendredi soir.

Les élus de la Chambre ont adopté le texte par 256 voix contre 167, l'opposition venant à la fois de conservateurs et de démocrates.

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Après la Chambre, le Sénat a adopté cette loi de dépenses de 1.300 milliards de dollars, fruit d'un compromis négocié de haute lutte entre républicains et démocrates. Les démocrates avaient voix au chapitre car ils disposent d'une minorité de blocage au Sénat. Finalement les sénateurs ont approuvé la loi par 65 voix contre 32.

La Maison Blanche a confirmé que Donald Trump allait promulguer la loi, malgré ses défauts. "Est-ce parfait ? Non. Est-ce exactement ce que nous demandions? Non", a reconnu le directeur du budget Mick Mulvaney.

Plus de la moitié des dépenses du gouvernement pour l'année budgétaire 2018 (octobre 2017-septembre 2018), soit 700 milliards, seront consacrées à la Défense, avec des dizaines de milliards de crédits supplémentaires par rapport à 2017 pour l'achat d'équipements, et une hausse de 2,4% de la solde des militaires.

Le président républicain avait fait de ce réinvestissement militaire une priorité, et les parlementaires sont allés au-delà de ses voeux.

Mais il a dû céder sur le mur. Le dirigeant avait demandé jusqu'à 25 milliards pour ériger un haut mur en béton, dont des prototypes ont été construits récemment. En échange, une régularisation de centaines de milliers de jeunes sans-papiers était mise dans la balance.

Un peu de mur

Les pourparlers se sont enlisés, et ce n'est finalement que 1,6 milliard pour la construction et la rénovation de clôtures qui a été inscrit dans le texte - avec, insistent les démocrates, l'interdiction de construire quoi que ce soit qui ne ressemblerait pas à l'existant.

"C'est 1,6 milliard pour les six prochains mois, ce que le président nous avait demandé", s'est défendu Paul Ryan, le président de la Chambre, en assurant le service après-vente sur Fox News.

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"Les murs ont des formes différentes selon le terrain", a-t-il dit, justifiant que par endroits la frontière soit marquée par une simple clôture ou une barrière permettant de voir de l'autre côté.

Les clandestins, eux, n'ont donc rien obtenu, une immense déception après que leurs espoirs ont été alimentés pendant des mois par les deux partis et par la Maison Blanche.

Avec des élections législatives en novembre, cette loi était sans doute la dernière chance de sceller un grand compromis entre républicains et démocrates. Les primaires et la campagne vont désormais occuper tous les esprits, et les parlementaires seront réticents à prendre des risques politiques.

Parmi les innombrables autres éléments de la loi de dépenses de 2.232 pages figurent:

- un resserrement du système de vérification des antécédents criminels et psychiatriques avant l'achat d'une arme à feu;

- des crédits modestes pour les infrastructures du pays, qui pourraient notamment subventionner la construction d'un tunnel ferroviaire à New York;

- des centaines de millions supplémentaires pour lutter contre les cyberattaques russes;

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- 4,6 milliards (+ 3 milliards par rapport à 2017) pour lutter contre les overdoses par opiacés;

- ou encore une mesure coupant les fonds à l'Autorité palestinienne tant que continueront des paiements aux familles de Palestiniens condamnés ou emprisonnés par Israël après des attentats.

Donald Trump a en revanche gagné sur un autre tableau: la loi acte une baisse de plus de 9% du budget des Affaires étrangères et de l'aide au développement, ce qui frappera notamment la contribution américaine à l'ONU.

Avec AFP