La communauté internationale se mobilise après l'attaque "chimique" en Syrie

Un membre des secours civils respire à travers un masque dans la ville de Khan Sheikhoun, en Syrie, le 4 avril 2017.

L'attaque chimique présumée en Syrie continuait de susciter l'indignation mercredi, nourrie par les images de ses victimes en une des médias du monde entier, sur fond de nouveau bras de fer à l'ONU entre les Occidentaux et la Russie.

Le Conseil de sécurité de l'ONU était réuni mercredi en urgence pour débattre de l'attaque chimique présumée de mardi à Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie, et qui a fait 72 morts, dont 20 enfants, et 160 blessés selon un dernier bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Il devait y étudier un projet de résolution présenté par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni condamnant l'attaque et appelant à une enquête complète et rapide. Mais la Russie, allié de Damas, s'est opposée à ce texte qu'elle juge "inacceptable" en l'état.

En images : l'attaque chimique de Kahn Sheikhoun en Syrie

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit "confiant" que le Conseil y "prendra ses responsabilités" en adoptant une résolution. "Il nous faut une enquête claire pour lever tous les doutes et il faudra rendre des comptes sur cette base", a-t-il ajouté, jugeant l'attaque de mardi "horrible".

Le président français François Hollande a souhaité que cette résolution puisse "diligenter une enquête" débouchant sur des"sanctions" contre le régime syrien. Il faut "une réaction de la communauté internationale à la hauteur de ce crime de guerre", a-t-il jugé.

Toutes les preuves désignent le régime de Bachar al-Assad après l'attaque "chimique" de mardi, a affirmé le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson.

"Le recours à du gaz toxique constitue un crime de guerre et les crimes de guerre doivent être traités comme tels", a déclaré une porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, en exhortant "pour la énième fois" la Russie et l'Iran à faire pression sur Damas "pour que ce dernier mette fin à son action militaire et respecte le cessez-le-feu agréé".

Margot Wallström, ministre des Affaires étrangères de la Suède, membre non permanent du Conseil de sécurité, a appelé à trouver un compromis avec la Russie à l'ONU: "Cela implique (...) quelques concessions. Parce que le pire c'est qu'on n'obtienne qu'un veto après des veto et que rien ne se passe".

Le président du Conseil européen Donald Tusk, a désigné le "régime syrien" comme le "principal responsable des atrocités en Syrie", jugeant que "ceux qui le soutiennent (en) partagent la responsabilité".

Moscou a réaffirmé son soutien aux opérations militaires de Damas, et donné sa version de l'attaque: Selon "des données objectives du contrôle russe de l'espace aérien", l'aviation syrienne a frappé un "entrepôt terroriste" contenant des "substances toxiques", provoquant les émanations chimiques.

L'Iran, autre soutien du régime de Bachar al-Assad, a "vigoureusement" condamné "toute utilisation d'armes chimiques quels que soient les responsables et les victimes".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est vivement pris à Bachar al-Assad, qu'il a qualifié d'"assassin" en lui imputant l'attaque.

"Atterré" par les "derniers événements en Syrie", le pape François a dénoncé "le massacre inacceptable" de mardi, "où ont été tuées des dizaines de personnes sans défense, parmi lesquelles tant d'enfants".

"Viser et tuer des civils avec ces méthodes interdites est considéré comme un crime majeur et un acte barbare", a affirmé le chef de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit.

L'armée syrienne avait "catégoriquement" démenti mercredi "avoir utilisé toute substance chimique ou toxique à Khan Cheikhoun".

L'opposition syrienne a affirmé que les récentes déclarations américaines sur le sort de Bachar al-Assad - estimant que son sort devait être décidé par "le peuple syrien" - donnaient à ce dernier "une opportunité pour commettre de nouveaux crimes".

Avec AFP