"Nous avons besoin collectivement de persévérance pour parvenir à rendre la justice", a insisté le procureur de la CPI Karim Khan, en ouvrant une conférence internationale organisée à Londres et réunissant des ministres de la Justice et représentants de plus de 40 Etats en soutien à l'action de la Cour.
La CPI, basée à La Haye, a engagé une enquête sur de possibles crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis dans le cadre de la guerre lancée par Moscou contre l'Ukraine le 24 février 2022, dont sont accusées les forces russes dans l'immense majorité des cas.
Vendredi, elle a émis un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine et la commissaire russe aux droits des enfants, Maria Lvova-Belova, pour le crime de guerre de "déportation illégale" d'enfants ukrainiens.
M. Khan a qualifié de "triste" et "sombre" cette décision, qui vise pour la première fois le dirigeant d'un des cinq Etats membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU. En représailles à la décision de la CPI qu'elle a qualifiée de "nulle et non avenue", la Russie a annoncé lundi l'ouverture d'une "enquête pénale" contre M. Khan et trois autres juges de la Cour.
"Si le bruit est inévitable, nous devrions nous concentrer sur ce qui se passe vraiment et la nécessité d'avoir une enquête indépendante et impartiale", a insisté lundi M. Khan, remerciant les pays présents pour leur soutien, dont le Japon, la Pologne et la France, mais aussi l'Union européenne.
Unis "pour une cause"
Le ministre britannique de la Justice, Dominic Raab, dont le pays a organisé conjointement avec les Pays-Bas cette conférence, s'est félicité de voir "aujourd'hui 42 Nations unies pour une cause, qui est de demander des comptes à la Russie" pour ses actions en Ukraine.
Pour mener ses investigations, la CPI a besoin de moyens financiers et techniques et en décembre dernier, Karim Khan avait appelé la communauté internationale à augmenter son soutien à l'institution. "Nous ne pouvons pas tout faire en même temps. Nous ne disposons pas de ressources illimitées", a-t-il redit lundi matin sur la BBC. "Je veux simplement vous demander de soutenir la CPI avec toutes les ressources nécessaires", a plaidé le ministre ukrainien de la Justice, Denys Maliuska, devant ses homologues.
Plusieurs pays doivent annoncer lundi la mobilisation de moyens supplémentaires pour soutenir l'enquête de la CPI. Londres a déjà annoncé un financement supplémentaire de près de 400.000 livres sterling (452.000 euros), portant son soutien total à un million de livres (1,13 million d'euros) depuis l'an dernier, pour financer le soutien psychologique des témoins et victimes de crimes ou encore le renfort d'experts britanniques auprès de la CPI.
L'Union européenne "a déjà apporté plus de 10 millions d'euros" à la CPI depuis le début de l'invasion russe et "je peux vous assurer que l'Union européenne se tient prête à continuer" son soutien à la Cour, a affirmé le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders. Il a aussi rappelé la volonté de l'UE d'amender le traité de Rome, ayant institué la CPI pour permettre à la Cour de juger les "crimes d'agression" commis par la Russie.
Une demande appuyée par le procureur général d'Ukraine, Andriy Kostin pour qui "ces crimes de guerre n'auraient pas été commis si le crime d'agression n'avait pas été commis par Poutine". La CPI n'est compétente que pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité perpétrés en Ukraine et non pour les "crimes d'agression" de la Russie, car Moscou et Kiev ne sont pas signataires du traité de Rome instituant la Cour.