"Si tout se passe bien et que les combats cessent, la crise ne sera pas résolue avant plusieurs mois", prévient d'emblée Jean Ospital, coordinateur de l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF) à Paoua, conscient de l'ampleur des besoins pour les milliers de personnes qui ont trouvé refuge à Paoua.
Selon le bureau humanitaire de l'ONU, Ocha, ils sont plus de 60.000 à être arrivés en quinze jours à peine dans cette ville qui compte normalement 40.000 habitants.
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Ils fuient les combats entre deux groupes armés rivaux, qui se battent pour le contrôle des checkpoints, une de leur principales sources de revenus dans cette région de transhumance vers le Tchad qui voit passer beaucoup de troupeaux, dont chaque tête est taxée.
Pour la plupart, leur maison a été brûlée et ils ont fui en précipitation, laissant leur vie derrière eux. A Paoua, la priorité consiste à les loger, selon les ONG sur place.
Les déplacés ont d'abord été dirigés dans des familles d'accueil, mais "la capacité d'accueil des familles hôtes de Paoua est déjà dépassée", a souligné début janvier Ocha.
"Ils sont souvent plus de 40 déplacés par famille, ce qui va créer très rapidement des problèmes d'approvisionnement en eau et nourriture", avait de son côté prévenu MSF à la même période.
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C'est le cas de Bernadette Corta, 24 ans, qui affirme héberger plus de 100 personnes dans ses deux maisons. "Si on mange, on mange tous, sinon on ne mange pas", explique-t-elle, alors que le puits le plus proche de sa maison s'est tari.
Les derniers arrivés dorment sur les terrains de la vingtaine d'églises de Paoua, abrités par des bâches distribués par l'OIM, l'organisme des Nations Unies chargé des migrations, ou sous les manguiers.
Le Haut Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR) a commencé, jeudi, à distribuer une aide alimentaire d'urgence aux 12000 ménages bénéficiaires: du riz, des haricots, de la farine, de l'huile et du sel.
'Espoir du retour'
En plus d'avoir plus que doublé la population de la ville, les combats ont entravé son ravitaillement par camions, venant du Cameroun notamment. Résultat: les prix au marché explosent à mesure que les stocks s'amenuisent.
"On est en train de vider ce qui nous reste. Dans une semaine on va devoir fermer", déplore Blaise Badagele, 41 ans, vendeur au marché du centre-ville.
Alors, le manioc a doublé de prix quand le kilo de sucre est passé de 900 à 1.250 francs CFA (d'un euro cinquante à deux euros). Face à cette hausse, Jean-Hubert Nambele, vendeur de cigarette au marché, se résigne: "On va devoir se priver".
En plus des pillages qu'ils ont subi, certains déplacés qui cultivaient leurs champs ont perdu leurs sources de revenu, notamment le coton. "Les gens ont fui à un moment critique, pendant les récoltes", explique Jean Ospital, de MSF.
L'ONU a un temps envisagé de créer un camp de déplacés, un de plus dans ce pays d'Afrique centrale où une personne sur cinq a été forcée de fuir son domicile.
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Mais l'idée n'a pas suscité l'adhésion. "Les déplacés ne veulent pas aller dans un camp car si on en crée un, ils y resteront pour longtemps", explique à l'AFP Joseph Inganji, chef de bureau Ocha pour la Centrafrique. "Les gens attendent de retourner chez eux".
Une possibilité conditionnée à la fin des violences et à la reconstruction des maisons brulées. Tous les agriculteurs déplacés interrogés par l'AFP affirment attendre ainsi avec impatience de reprendre leurs activités agricoles avant le début de la saison des pluies, fin avril-début mai.
Avec AFP