La fille de l'ex-espion russe est sortie de l'hôpital de Salisbury

Photographie non datée de Yulia Skripal, Londres, Grande-Bretagne.

Un mois après son admission en soins intensifs, Ioulia Skripal a quitté l'hôpital où elle était soignée depuis son empoisonnement en Angleterre par un agent innervant avec son père, l'ex-agent double russe Sergueï Skripal.

"Ioulia Skripal a maintenant quitté l'hôpital", a dit mardi Christine Blanshard, la directrice générale adjointe de l'hôpital de Salisbury (sud-ouest), dans une déclaration diffusée sur les télévisions.

"Ce n'est pas la fin de son traitement mais c'est une étape importante", a-t-elle ajouté en précisant que la femme de 33 ans avait demandé le respect de sa vie privée.

"Son père a également fait de bons progrès bien qu'il se rétablisse plus lentement", a précisé la responsable. "Nous espérons qu'il pourra sortir de l'hôpital le moment venu", a-t-elle ajouté.


"Formidable que Ioulia Skripal soit sortie de l'hôpital et je lui souhaite un prompt rétablissement", a réagi sur Twitter le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, disant espérer que son père "se remettre rapidement aussi".

Sergueï Skripal et sa fille avaient été retrouvés inconscients, le 4 mars, sur un banc à Salisbury (sud de l'Angleterre), où vit l'ex-espion de 66 ans. La police britannique estime que les Skripal sont entrés en contact avec le poison au domicile de Sergueï, où sa fille était venue lui rendre visite de Russie.

Ancien colonel du service de renseignement de l'armée russe, Sergueï Skripal avait été accusé de "haute trahison" pour avoir vendu des informations au renseignement britannique, et condamné en 2006 à 13 ans de prison. En 2010, il avait fait l'objet d'un échange de prisonniers entre Moscou, Londres et Washington, et s'était installé en Angleterre.

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Londres accuse la Russie d'avoir empoisonné l'ex-espion et sa fille avec un agent neurotoxique de conception soviétique appelé Novitchok.

L'affaire a provoqué une grave crise diplomatique entre Moscou, qui nie toute implication, et les Occidentaux. Elle s'est traduite par la plus importante vague d'expulsions croisées de diplomates de l'Histoire.

Lundi, la Première ministre britannique Theresa May a réitéré ses accusations à l'encontre de Moscou, affirmant que seule la Russie avait "les capacités, la volonté et le mobile".

- 'Isolement forcé' -

Selon la BBC, Ioulia a été emmenée dans un endroit sûr.

Sur Twitter, l'ambassade de Russie au Royaume-Uni a félicité Ioulia Skripal pour son rétablissement. "Mais il nous faut urgemment des preuves que ce qui est fait l'est avec son plein gré", a-t-elle dit.

Réagissant à des informations de presse selon lesquelles les Skripal pourraient se voir proposer une nouvelle vie dans un autre pays, l'ambassade a indiqué que "toute relocalisation secrète sans aucun contact avec leur famille (...) sera perçue comme un enlèvement ou du moins un isolement forcé".

Alors que les experts s'interrogeaient sur les chances de survie des Skripal, les médecins de l'hôpital avaient déjoué les pires pronostics en annonçant vendredi dernier que leur état de santé s'améliorait "rapidement", après leur hospitalisation en soins intensifs dans un état "critique".

Selon Christine Blanshard, "les deux patients ont exceptionnellement bien répondu au traitement que nous leur avons administré", même s'ils sont à "différents stades de leur guérison".

Elle a rappelé que les agents innervants affectent le système nerveux en s'attaquant à une enzyme cruciale pour son fonctionnement, l'acétylcholinestérase.

"Notre traitement des patients consiste à les stabiliser, à s'assurer qu'ils peuvent respirer et que leur sang continue de circuler", a-t-elle expliqué. "Nous avons alors dû utiliser une variété de médicaments différents (...) jusqu'à ce qu'ils soient capables de produire plus d'enzymes pour remplacer celles affectées par le poison".

Les médecins ont également eu recours à "des techniques de décontamination pour éliminer les toxines résiduelles", a-t-elle précisé.

Le 5 avril, Ioulia Skripal avait dit se sentir "de mieux en mieux chaque jour", dans un communiqué envoyé par la police, tout en soulignant que cette affaire était "déstabilisante".

Un policier britannique qui avait été hospitalisé le 4 mars après avoir été intoxiqué en portant secours aux Skripal a pu quitter l'hôpital le 22 mars.

Avec Afp