La France rend un dernier hommage aux deux commandos tombés au Burkina

Des soldats sécurisent le lieu de l'attaque dans la banlieue de Paris, à Levallois-Perret, France, le 9 août 2017

Des milliers personnes, rassemblées sur le pont Alexandre II à Paris, ont commencé mardi à rendre hommage aux deux membres des forces spéciales tués en libérant des otages au Burkina Faso, avant une cérémonie solennelle aux Invalides présidée par Emmanuel Macron.

Les cercueils des commandos marine Cédric de Pierrepont, 33 ans, et Alain Bertoncello, 28 ans, dans des véhicules mortuaires, ont traversé la Seine à 10h00 pile, sous escorte de motards et les applaudissements de la foule, en route vers la cour d'honneur des Invalides où les attendaient un millier d'invités, dont l'ensemble du gouvernement et les principales personnalités politiques du pays.

"Le moins qu'on puisse faire, c'est de venir leur rendre hommage" dit à l'AFP Céline Saenz, cachée derrière ses lunettes de soleil, casque de scooter au bras. "Savoir qu'il y a des personnes comme ça, sur lesquelles on peut compter pour nous protéger, pour protéger notre liberté, c'est important. On montre aux familles, aux soldats qui se battent encore qu'on pense à eux".

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Cette tradition d'hommage citoyen aux soldats tombés au combat, sur le plus beau pont de la capitale française, est relativement récente : elle remonte à 2011, à l'initiative d'associations d'anciens combattants et du gouverneur militaire de Paris, alors que l'armée française était déployée en Afghanistan.

Plusieurs centaines de militaires étaient rassemblés dans la cour d'honneur des invalides et attendaient les cercueils. Parmi eux, des commandos marine, des forces spéciales, ainsi que des délégations de la marine et des autres corps d'armée.

Les cercueils des deux bérets verts seront ensuite disposés côte à côte dans la cour d'honneur, symboliquement reliés par une "sangle de vie" utilisée lors de leurs plongées difficiles par les nageurs de combat, un brevet que seuls possèdent les membres du prestigieux commando Hubert auquel appartenaient les deux défunts.

Le président Macron fera une brève allocution, en présence des familles, suivie de la sonnerie aux morts et de la Marseillaise.

Il décorera les défunts de la Légion d'Honneur à titre posthume. Leurs cercueils seront ensuite portés par leurs camarades des Forces spéciales au son du chant militaire "Loin de chez nous en Afrique", clôturant une cérémonie d'environ 45 minutes.

"L'hommage national, c'est essentiel, c'est ce qui accompagne notre travail de deuil et surtout le travail de deuil des familles", selon le colonel Patrik Steiger, porte-parole du chef d'état-major des armées.

Une cérémonie d'honneurs militaires, réservée aux familles et aux proches des deux membres des Forces spéciales, a déjà eu lieu lundi aux Invalides, au cours de laquelle le chef d'état-major de la Marine, l'amiral Christophe Prazuck, a décoré les commandos tués de la médaille militaire et de la Croix de la valeur militaire.

Les obsèques d'Alain Bertoncello auront lieu samedi chez lui en Haute-Savoie (centre-est) "dans l'intimité familiale". Ceux qui le souhaitent pourront se recueillir devant sa dépouille, à la maison funéraire d'Annecy.

Les obsèques de Cédric de Pierrepont auront lieu mercredi après-midi en l'église de Larmor-Plage, dans le Morbihan (ouest).

- 'Il a fait son job' -

Les compagnes des deux hommes ont confié à la presse la profondeur de leur engagement et de leur détermination.

Pour Florence Charton, compagne de Cédric de Pierrepont, "il est mort pour ce qu'il aimait faire, ce pour quoi il était fier. Il a fait son job. C'est ce qu'il m'aurait dit", a-t-elle dit à TF1.

Léa Latourte, militaire de 26 ans basée à Bordeaux, compagne d'Alain Bertoncello, a déclaré à RTL qu'il "était conscient des dangers encourus et il les affrontait avec réalisme. Si c'était à refaire, il le referait".

Le père d'Alain, Jean-Luc Bertoncello, a également rappelé l'engagement de son fils, qui l'avait conduit jusqu'au prestigieux commando Hubert, élite de l'élite au sein de la Marine.

"Ils ont fait ce qu'ils avaient à faire, pour lui ça s'est mal terminé mais pour, les autres, ils ont réussi la mission" a-t-il dit.

"Les Français ont fait un super boulot. Nous leur en sommes vraiment reconnaissants", a salué le président Donald Trump. Une otage américaine a également été libérée lors de l'opération.

Ni les familles ni l'état-major français n'ont alimenté la polémique autour du risque pris par les deux touristes, Patrick Picque et Laurent Lassimouillas, enlevés alors qu'ils se trouvaient dans une zone déconseillée par le ministère français des Affaires étrangères, dans le nord du Bénin.

"Je ne veux pas porter de jugement, ce n'était pas la question. La question c'était de combattre des terroristes comme nous le faisons depuis des années au Sahel", a estimé mardi matin sur RTL le général François Lecointre, chef d'état-major des armées.