Le ministère de l'Intérieur a confirmé jeudi l'expulsion de Abdullah Buyuk, un homme d'affaires réputé proche du prédicateur musulman exilé aux États-Unis Fethullah Gülen, que M. Erdogan accuse d'être à l'origine du putsch manqué du 15 juillet.
Remis à Ankara mercredi, M. Buyuk, 43 ans, "n'avait pas de documents valides" et séjournait depuis six mois de façon illégale dans le pays, a souligné la ministre de l'Intérieur, Roumiana Batchvarova, à la télévision bTV.
Cette expulsion discrète et subite a été vivement dénoncée jeudi par les défenseurs des droits de l'Homme en Bulgarie, qui ont accusé Sofia d'avoir plié face à son puissant voisin.
"Il est répugnant de voir les dirigeants bulgares s'incliner d'une façon aussi humiliante", a estimé sur Facebook Hristo Ivanov, ex-ministre de la Justice réformateur et directeur de l'Institut d'initiatives légales, une ONG. Il a qualifié d'"arbitraire et indigne la remise d'un homme menacé à la Turquie".
L'ONG de défense des droits de l'Homme Comité d'Helsinki a également dénoncé une expulsion "illégale" et motivée selon elle par des "raisons politiques".
Abdullah Buyuk s'était vu refuser l'asile politique en Bulgarie, mais la justice de ce pays avait refusé son extradition, estimant que les conditions d'un procès équitable n'étaient "pas réunies" en Turquie.
Un haut responsable du ministère de l'Intérieur, Gueorgui Arabadjiev, a cependant justifié jeudi l'expulsion de M. Buyuk par "des faits nouveaux et des circonstances inquiétantes communiqués par Interpol", sans fournir davantage de détails.
Ankara a par le passé accusé M. Buyuk de "liens avec une entreprise terroriste" et de "blanchiment d'argent". Il est notamment accusé par la Turquie d'être un financier du mouvement de M. Gülen.
Le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, a confirmé jeudi la remise de M. Buyuk. "Nous remercions la Bulgarie" pour cette expulsion, a-t-il souligné à la télévision turque, saluant par ailleurs la "coopération" entre les deux pays.
Jouxtant la Turquie, la Bulgarie veille à ne pas mécontenter ce pays dont elle dépend pour la régulation des flux migratoires. Le Premier ministre Boïko Borissov a ainsi récemment recommandé aux dirigeants bulgares "de parler avec précaution de la Turquie" pour ne pas la froisser.
La répression du putsch manqué du 15 juillet s'est soldée par au moins 60.000 limogeages, arrestations et gardes à vue en Turquie, notamment parmi des sympathisants présumés de M. Gülen. Celui-ci rejette toute implication dans la tentative de coup d'Etat.
Avec AFP.