La justice ivoirienne a entendu des officiers supérieurs dans l’enquête sur les mutineries

Des soldats mutinés viennent rencontrer le ministre ivoirien de la Défense Alain-Richard Donwahi pour des pourparlers à Bouaké, Côte d’Ivoire, 7 janvier 2017.

La justice ivoirienne a entendu des officiers supérieurs de l'armée dans le cadre de l'enquête sur une cache d'armes découverte dans la résidence du chef du protocole du président de l'Assemblée nationale, a annoncé mercredi le procureur d'Abidjan.

"De nombreuses personnes, dont des officiers supérieurs de l'armée, ont été entendues" par les enquêteurs, a déclaré le procureur d'Abidjan, Richard Christophe Adou, lors d'une conférence de presse, promettant une "garantie de succès à l'enquête".

"Les auditions se poursuivent sur toute l'étendue du territoire national avec l'appui d'une mission d'experts de l'ONU", a-t-il dit, sans évoquer d'arrestations.

L'enquête a démarré le 26 mai dernier par l'audition de Souleymane Kamagaté, dit "Soul to Soul", chef du protocole du président de l'Assemblée nationale Guillaume Soro, après la découverte le 15 mai, pendant les mutineries qui ont secoué la Côte d'Ivoire, d'une cache d'armes dans un logement présenté comme sa propriété à Bouaké (centre, deuxième ville du pays).

"Il a répondu qu'il n'était ni l'acquéreur ni le propriétaire de ces armes", avait expliqué Moussa Touré, directeur de la Communication à l'Assemblée nationale.

"Les armes neuves, notamment des kalachnikovs, des munitions et des lance-roquettes, étaient soigneusement dissimulées dans une ancienne piscine recouverte d'un préau dont le fond a été aménagé en magasin", a expliqué le procureur, alertant sur "la gravité des faits".

"La détention ou l'entreposage d'armes de guerre est puni de 10 à 20 ans d'emprisonnement" a poursuivi le juge, soulignant que "les résultats de cette enquête seront bientôt communiqués".

Une source proche du dossier indique que l'enquête devra surtout déterminer si ces armes proviennent des stocks achetés pour la rébellion et la défense du président ivoirien Alassane Ouattara lors de la crise ou si elles ont été acquises plus récemment. Dans ce dernier cas, ce serait un casus belli entre le président Ouattara et M. Soro.

Les mutineries de la mi-mai, qui ont paralysé les activités de différentes villes pendant plusieurs jours, ont fait quatre morts et neuf blessés, selon le gouvernement. Un accord a permis de mettre fin au mouvement.

Une conclusion peu appréciée par d'ex-rebelles ivoiriens démobilisés, qui ont réclamé des primes similaires à celles des mutins. Les manifestations des "démobilisés" se sont soldées par la mort de quatre d'entre eux.

M. Soro est un ancien chef de la rébellion de 2002-2011 dont la ville de Bouaké était le fief.

Le président de l'Assemblée nationale, à qui certains prêtent des ambitions présidentielles, s'est gardé d'intervenir dans la crise, mais la présence d'anciens ex-chefs rebelles aux négociations sur la mutinerie a rappelé qu'ils étaient encore puissants.

Avec AFP