La cour a jugé que les deux petits îlots inhabités de Tiran et Sanafir étaient des territoires souverains égyptiens, contrairement à ce qu'affirmait le gouvernement qui avait annoncé leur rétrocession à l'Arabie à l'occasion d'une visite en avril au Caire du roi Salmane.
Le verdict de lundi pourrait aggraver les tensions existantes entre Le Caire et Ryad, alors que le royaume saoudien est l'un des principaux soutiens du président Abdel Fattah al-Sissi depuis que l'ex-chef de l'armée a destitué son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi en 2013.
L'Arabie saoudite a en effet arrêté de fournir du pétrole à l'Egypte car les deux alliés sont en désaccord au sujet du dossier syrien: le pouvoir égyptien s'est rapproché de la Russie, alliée du président Bachar al-Assad, tandis que Ryad soutient les rebelles.
A l'annonce du verdict lundi, des avocats et des activistes ont laissé exploser sa joie dans la salle du tribunal, scandant: "Ces îles sont égyptiennes".
En avril, l'annonce de la rétrocession avait soulevé une vive controverse et déclenché des manifestations contre le régime de M. Sissi.
Le gouvernement avait toutefois justifié cette rétrocession en expliquant que les deux îlots, situés près de la pointe sud de la péninsule du Sinaï à l'entrée du Golfe d'Aqaba, appartenaient à l'Arabie mais que Ryad avait demandé en 1950 au Caire d'en assurer la protection.
Après une procédure judiciaire intentée par des avocats, une cour administrative en juin avait annulé l'accord mais le gouvernement avait fait appel de cette décision.
Cet appel a été refusé lundi par la Haute cour administrative, qui a précisé que la décision sur l'appartenance des deux îles à l'Egypte était "unanime".
Le verdict intervient alors que le gouvernement a envoyé l'accord au Parlement pour le faire entériner.
Selon des avocats au tribunal, le gouvernement ne peut pas interjeter appel après le verdict de lundi.
Mais l'ancien président du Conseil d'Etat Mohamed Hamed al-Gamal a toutefois précisé que le gouvernement pourrait présenter un recours devant la cour constitutionnelle.
"Selon la constitution et le droit, la justice administrative n'a pas juridiction pour les questions de souveraineté, qui comprennent les accords internationaux", a--t-il souligné.
La rétrocession avait été annoncée alors que l'Arabie s'affirmait comme l'un des principaux soutiens au Caire, injectant des milliards de dollars en aides et en investissements pour redresser une économie en panne.
L'initiative avait entraîné un tollé sur les réseaux sociaux et des manifestations en avril d'une ampleur sans précédent ces deux dernières années.
Des dizaines de personnes arrêtées lors de ces rassemblements avaient été condamnées à de la prison, avant d'être acquittées en appel.
M. Sissi avait défendu à plusieurs reprises l'accord de rétrocession en assurant que l'on ne pouvait pas accuser le pouvoir de vouloir "vendre la terre" du pays puisque ces îles étaient saoudiennes.
Avec AFP