La justice valide la victoire du pouvoir à Grand-Bassam

Un homme peint un mur dans le cadre du Festival international du dessin animé et de la bande dessinée d'Abidjan de Coco Bulles, en hommage aux victimes de l'attaque de Grand Bassam 2016 à Grand-Bassam, près d'Abidjan, le 18 mars 2017.

La victoire du candidat du parti présidentiel à l'élection municipale de Grand-Bassam a été validée mercredi par la Cour suprême de Côte d'Ivoire, malgré le saccage de plusieurs bureaux de vote.

Le président de la chambre administrative de la Cour suprême, Pierre Claver Kobo, a annoncé à l'audience que la requête en annulation du candidat de l'opposition Georges Ezaley (PDCI) était "rejetée", validant ainsi la victoire de Jean-Louis Moulot (RHDP), proclamée par la Commission électorale le 17 décembre.

La cité balnéaire historique de Grand-Bassam (à 30 km d'Abidjan) avait été le théâtre d'importantes violences lors du scrutin du 16 décembre: un commando d'une vingtaine d'hommes armés non-identifiés avait attaqué plusieurs bureaux de vote favorables au candidat de l'opposition et détruit des dizaines d'urnes. Les forces de l'ordre, pourtant déployées en grand nombre, étaient restées passives.

Le précédent scrutin municipal du 13 octobre avait été annulé par la Cour suprême, déjà en raison de violences.

"Nous statuons sur la base d'arguments juridiques, pas politiques", a assuré Pierre Claver Kobo, déplorant que les arrêts de la Cour aient "quelquefois provoqué la hargne de quelques politiciens et pseudo-juristes".

Commentant la décision, Me Tompieu Messan, l'avocat de M. Ezaley, a relevé que "les voix de 6.700 électeurs" n'avaient "pas été prises en compte", alors que Jean-Louis Moulot ne l'a emporté qu'avec un millier de voix d'avance, sur un total de 16.000 votants.

Selon les résultats annoncés par la Commission électorale indépendante (CEI) le 17 décembre, M. Moulot, du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir) avait remporté l'élection avec 51,91% des suffrages, contre le maire sortant Georges Ezaley (45,72%) du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, opposition).

La décision de la Cour n'est pas susceptible d'appel, selon Me Messan, qui a néanmoins assuré qu'il allait "étudier toutes les voies de recours juridiques possibles".

Pour Port-Bouët, une des communes d'Abidjan, où l'élection était aussi rejouée, la Cour suprême a rejeté la requête du candidat du pouvoir, le ministre du Tourisme Siandou Fofana, validant ainsi l'élection du candidat PDCI Sylvestre Emmou.

Ce dernier l'avait largement emporté, par 62,65% contre 33,61%, selon la CEI.

Ces deux communes sont stratégiques, car elles sont au coeur d'importants projets de développement, notamment dans le domaine immobilier.

La Cour suprême statuait au total sur six communes où les municipales avaient dues être reconduites.

Anciens alliés, le RHDP du président Alassane Ouattara et le PDCI, dirigé par l'ancien président Henri Konan Bédié, sont désormais à couteaux tirés, en vue de l'élection présidentielle de 2020.

Avec AFP