En outre, le scénario catastrophe d'un "attentat terroriste nucléaire", au moyen d'une "bombe sale" entre les mains de jihadistes de l'Etat islamique, pèsera aussi sur les travaux d'une cinquantaine de dignitaires étrangers réunis pendant deux jours autour de M. Obama.
Le locataire de la Maison Blanche, qui quittera le pouvoir en janvier, est l'artisan de ce sommet qu'il avait lancé en 2010, un an après avoir exposé dans un discours historique à Prague sa vision d'un "monde sans armes nucléaires".
Après des années de tractations avec l'Iran, l'administration américaine a réussi en janvier à placer sous surveillance internationale le programme nucléaire controversé de Téhéran.
La menace iranienne écartée, Washington s'alarme dorénavant de celle que pose la Corée du Nord.
De fait, le climat sur la péninsule coréenne ne cesse de se détériorer depuis le quatrième essai nucléaire de Pyongyang le 6 janvier et le lancement le 7 février d'une fusée, considéré comme un essai déguisé de missile longue portée. Les tensions ont redoublé en raison de manoeuvres militaires annuelles à grande échelle entre les Etats-Unis et la Corée du Sud.
La Corée du Nord menace quasiment quotidiennement son ennemi du Sud et l'allié américain de frappes nucléaires ou conventionnelles et semble faire fi de la résolution 2270 du Conseil de sécurité de l'ONU qui lui a imposé le 2 mars une nouvelle volée de sanctions sans précédent.
C'est dans ce contexte que Barack Obama pilotera jeudi une réunion tripartite avec la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye et le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Les trois alliés devraient réclamer une application stricte de l'arsenal juridique contre le régime communiste et ils devraient parler du déploiement dans la péninsule coréenne du bouclier américain antimissiles balistiques THAAD (Terminal High Altitude Area Defence System).
"Les trois dirigeants vont clairement faire la démonstration de leur unité dans leur détermination à se défendre contre une agression de la Corée du Nord", a souligné Dan Kritenbrink, conseiller à la Maison Blanche.
"Roulements de tambour"
D'autant que "les roulements de tambour nord-coréens vont s'intensifier jusqu'en mai et le Congrès du parti communiste" nord-coréen, a prédit Victor Cha, expert au Center for Strategic and International Studies (CSIS).
Mais la clé du dossier nord-coréen se trouve à Pékin.
La Chine a bien voté les sanctions de l'ONU, mais les Etats-Unis espèrent qu'elle fera encore monter la pression sur son allié à Pyongyang pour lui faire entendre raison.
C'est dans cette optique que M. Obama recevra en tête-à-tête le président Xi.
L'entretien ne sera pas exclusivement consacré à la Corée du Nord. On parlera aussi de la poussée de fièvre en mer de Chine entre Pékin et ses voisins asiatiques, du changement climatique et de l'économie mondiale, selon le département d'Etat.
Sur les crises internationales, les deux premières puissances mondiales peuvent "régler les problèmes et prendre des décisions", fait-on valoir à la Maison Blanche.
Ce dernier sommet sur le nucléaire pour Barack Obama se tient dans le contexte dramatique des attentats de Bruxelles (32 morts et 340 blessés) et dans le sillage d'informations sur une hypothétique attaque "terroriste nucléaire".
Des médias belges et internationaux ont effet rapporté ces derniers jours que la cellule islamiste des attentats du 22 mars avait prévu de fabriquer une "bombe sale" radioactive, à la suite d'une surveillance par vidéo d'un "expert nucléaire" belge mise sur pied par deux des kamikazes, les frères Bakraoui.
Empêcher l'EI d'obtenir l'arme nucléaire
Martelant ce qu'il avait proclamé à Prague en avril 2009, M. Obama a exhorté mercredi soir la communauté internationale à "empêcher des terroristes d'acquérir et d'utiliser une arme nucléaire". Dans une tribune du Washington Post, le président des Etats-Unis a prévenu que "le groupe terroriste EI" était "le réseau le plus dangereux au monde" et qu'on devait l'"empêcher d'obtenir les armes les plus dangereuses au monde".
Si très peu d'experts pensent que l'organisation jihadiste puisse se doter d'une arme atomique, beaucoup craignent qu'elle ne s'empare d'uranium ou de plutonium pour assembler une "bombe sale". Un tel engin ne provoquerait pas d'explosion nucléaire mais la diffusion de radioactivité aurait de terribles conséquences sanitaires, psychologiques et économiques.
Barack Obama recevra aussi son homologue français François Hollande. En revanche, le président russe Vladimir Poutine sera le grand absent du sommet de Washington.
Avec AFP