"Fidel est parvenu à faire de Cuba une puissance sportive et ceux qui vont gouverner l'île à l'avenir devront continuer à porter haut ce flambeau", souhaite Ana Fidelia Quirot, ex-championne du monde et double médaillée olympique du 800 mètres.
Mais après avoir longtemps dominé l'Amérique latine, l'olympisme cubain a perdu de sa superbe. 18e nation à Rio-2016, le petit pays de 11,2 millions d'habitants a été devancé par le Brésil et la Jamaïque au tableau des médailles, quelques mois avant la mort de Castro à 90 ans.
Dès son arrivée au pouvoir en 1959, le charismatique "barbudo" adorait troquer l'uniforme vert olive pour poser en tenue devant les photographes sur les terrains de baseball - sport roi sur l'île -mais aussi sur les parquets, stades et gymnases. En 1962, il interdit le professionnalisme et coupe les ponts avec les Etats-Unis, qui puisaient sans réserve dans le vivier caribéen.
Son idée : porter le sport cubain "aussi loin que possible" et en faire un outil de propagande de sa révolution. Entreprise pour laquelle il recevra rapidement le concours de rigoureux experts soviétiques.
Génération dorée
Avant l'arrivée des castristes, l'île n'avait obtenu que cinq médailles d'or aux JO, mais le sport amateur cubain s'est peu à peu mis à briller. Dans les années 80/90, il s'est appuyé sur une génération exceptionnelle: Javier Sotomayor (détenteur depuis 23 ans du record du monde du saut en hauteur), Teofilo Stevenson et Felix Savon (triples champions olympiques de boxe), ou encore l'équipe de volley féminine triple médaillée d'or entre 1992 et 2000.
Avec 219 médailles (77 d'or), Cuba est aujourd'hui classée à la 18e place mondiale dans l'histoire olympique, malgré les boycotts de 1984 (Los Angeles) et 1988 (Séoul).
L'horizon s'est obscurci ces 10 dernières années, au gré de la dégradation des infrastructures et de la fuite de nombreux talents attirés par des contrats mirobolants à l'étranger. Deux phénomènes qui découlent de la crise provoquée par la chute du bloc soviétique, principal soutien de l'île jusqu'en 1989.
"On dit que les athlètes (cubains) ne sont pas compétitifs, mais nos conditions (d'entraînement) ne sont pas optimales", regrettait récemment le double médaillé olympique Leonel Suarez, meilleur décathlonien de l'île.
Après le début du déclin constaté à Pékin-2008, Fidel Castro, déjà retiré du pouvoir pour raisons de santé, avait regretté que Cuba se soit "endormie sur ses lauriers".
Et aux Jeux de Rio, Cuba n'a pu rééditer le sursaut de Londres-2012, où l'île avait brièvement renoué avec la domination continentale (14 médailles). L'aventure carioca s'est terminée avec 11 podiums. Loin, très loin du record de 31 médailles de Barcelone-1992.
Une année à oublier
Les cinq titres de Rio ont été glanés en lutte (2) et en boxe (3), mais le judo, le volley-ball, l'escrime et l'athlétisme, autrefois grands pourvoyeurs de médailles cubaines, ont déçu.
Le cadet de Fidel, Raul Castro, qui a pris les commandes du pays à partir de 2006, continue de valoriser les sportifs du cru, tente timidement de juguler la fuite des talents en concédant des brèches dans l'amateurisme, et a contribué a faire du sport un vecteur de rapprochement avec les Etats-Unis.
En mars dernier, dans le cadre d'un dégel historique, le président Barack Obama avait assisté avec Raul Castro à une rencontre de baseball qui avait couronné la première visite d'un président américain sur l'île depuis 88 ans.
Mais cette année deux autres événements ont jeté une lumière crue sur le sport cubain, publicité dont La Havane se serait bien passée.
Le 8 février, les frères Yuliesky et Lourdes Gurriel, stars du baseball cubain, ont fait défection lors d'un tournoi enRépublique dominicaine pour rejoindre la très lucrative Ligue majeure de baseball (MLB) nord-américaine.
L'aîné Yuliesky a signé un contrat de près de 50 millions de dollars avec les Houston Astros, tandis que Lourdes gagnera 22 millions de dollars sur sept ans avec les Toronto Blue Jays.
Et en septembre dernier, cinq volleyeurs de l'équipe nationale ont été condamnés à jusqu'à 5 ans de prison pour viol collectif commis en marge d'une compétition en Finlande. La Havane n'a pas contesté le jugement.
Avec AFP