RDC

La musique adoucit les orphelines pour la fête de la musique

L'orchestre du pianiste congolais, Ray Lema, lors d'une répétition le 13 juin 2019 à Kinshasa.

"Chaque fois que ma colère monte, j'ai recours à la musique comme exutoire de la révolte contre la mort précoce de ma mère et l'abandon de mon père", raconte Angèle, percussionniste congolaise de 15 ans.

En République démocratique du Congo, capitale autoproclamée de la musique africaine, comme dans une centaine de pays, le 21 juin est l'occasion de célébrer la fête mondiale de la musique par des concerts et des spectacles.

De nature taciturne, Angèle Digba se transforme lorsqu'elle se déchaîne, juchée sur un tam-tam en peau d'animaux sauvages, qu'elle martèle de ses mains frêles. Ces moments sacrés sont pour elle autant d'occasions d'oublier son destin d'orpheline.

Angèle vivait avec son père en Tanzanie, lorsqu'elle est retournée en 2013 dans son pays natal, la RDC, avec sa jeune soeur. On leur avait expliqué que c'était pour y passer des vacances.

Lire aussi : Conférence contre les préjugés sexistes à N'Djamena

Mais en fait, son père et sa nouvelle épouse avaient préparé leur retour définitif en RDC. A la descente de l'avion, leur accompagnatrice les avait semées et abandonnées. Elles avaient vivoté à l'aéroport jusqu'au jour où elles avaient été recueillies par le centre d’hébergement de Matumaïni de Kinshasa, qui héberge et encadre 35 autres filles.

Les mercredi et vendredi sont des jours spéciaux pour les pensionnaires de cette institution: un jeune professeur de musique, Bled Pambu, vient dispenser bénévolement des cours de percussion aux filles.

"La percussion dégage toute la colère que j'avais", avoue Angèle.

"Angèle est passionnée de musique, particulièrement de percussion. Elle est bourrée de talents", témoigne Yolande Soba, gestionnaire de ce centre d'hébergement, qui ne reçoit que des filles abandonnées et des orphelines.

Lire aussi : Annulation de deux concerts de Koffi Olomidé en Afrique du Sud

Dans la cour, on voit Angèle empoigner son tam-tam, le serrant contre son corps comme une poupée d'adolescente. "En une année, j'ai pu apprendre les styles Kimbunda et Manianga" joués par deux tribus de l'ouest de la RDC, explique-t-elle.

"Angèle s'est adaptée très vite. Avec ses camarades, elles sont prêtes pour former un groupe respectable pouvant se produire en spectacle, devant n'importe quel public", assure Bled Pambu.

Angèle n'ambitionne pas pour autant de devenir une vedette de la musique pour se faire connaître ou gagner de l'argent: elle rêve de créer une école de percussion réservée exclusivement aux filles.