Ils rejoignent les milliers de saints reconnus au fil des siècles. La cérémonie a été suivie par 80.000 personnes sur la place Saint-Pierre.
Seule femme canonisée, la Française Elisabeth de la Trinité est une jeune carmélite contemplative née en 1880 près de Bourges (centre de la France) et décédée à 26 ans de maladie. Musicienne, Elisabeth Catez entre au carmel à Dijon (centre-est) à 21 ans, contre l'avis de sa mère qui lui préconisait une vie mondaine.
Cette mystique a notamment écrit quatre traités spirituels et une prière au "Dieu Trinité" trouvée dans ses papiers après sa mort et aujourd'hui traduite dans une cinquantaine de langues.
"Avec son langage spontané, elle a mis toute son ardeur dans sa vocation et peut parler aux personnes à la recherche de l'intimité avec Dieu", résume l'archevêque de Dijon, Mgr Roland Minnerath.
Elle doit sa béatification au miracle touchant une enseignante de religion belge, qui a a affirmé avoir été subitement guérie d'une maladie orpheline à son arrivée devant le carmel de Dijon.
Massacré à l'épée
Davantage en prise avec la société, le Français Salomon Leclercq, également canonisé, avait rejoint les Frères des écoles chrétiennes, une congrégation laïque vouée à la formation des jeunes, souvent défavorisés.
Né à Boulogne-sur-Mer (nord) dans une famille de marchands, Guillaume Nicolas Louis Leclercq (1745-1792) devient professeur à 23 ans et prononce ses voeux à 27 ans. Devenu Frère Salomon, il s'occupe des novices, dirige un complexe éducatif de 1.000 étudiants, enseigne les mathématiques et devient secrétaire personnel du supérieur général de sa congrégation (fondée en 1682 par le Français Jean-Baptiste de La Salle).
Puis la Révolution, anticléricale, éclate. Il refuse de prêter serment en faveur de la Constitution civile du clergé. Il est arrêté en août 1792 avec d'autres religieux "réfractaires" et enfermé dans le couvent des Carmes de Paris. Le 2 septembre, avec 188 ecclésiastiques, il est massacré à l'épée. Tous ces martyrs ont été béatifiés en 1926 par le pape Pie XI.
Plus de deux siècles après sa mort, "il donne une leçon d'une grande intégrité et de loyauté", estime Frère Rodolfo Cosimo Meoli qui a défendu sa cause. Le Vatican a reconnu dans son dossier le caractère "inexpliqué" de la guérison d'une fillette vénézuélienne de cinq ans mordue par un serpent.
'Curé gaucho'
Deux religieux italiens - Lodovico Pavoni (1784-1849) et Alfonso Maria Fusco (1839-1910) - ayant consacré leurs vies à l'éducation de jeunes indigents ou d'enfants abandonnés font également partie des canonisés.
Très populaire dans son pays, le curé José Gabriel Brochero (1840-1914) est devenu le premier saint né et mort en Argentine. Surnommé "le curé gaucho", il circulait à dos de mule dans les montagnes près de Buenos Aires. C'est son portrait sur un âne qui trônait d'ailleurs dimanche sur le parvis de la basilique Saint-Pierre. Aveugle, mort de la lèpre, "ce pasteur à l'odeur de brebis s'est fait pauvre parmi les pauvres", estime le pape argentin.
A Villa Cura Brochero, un village du centre de l'Argentine, des dizaines de milliers de pélerins ont assisté dans la nuit et sous une pluie torrentielle à la retransmission sur écrans géants de la cérémonie au Vatican.
Seul laïc canonisé, le Mexicain Jose Luis Sanchez del Rio(1913-1928), martyr de la persécution anticatholique, a été tué cruellement à 14 ans, dans la guerre sanglante des "Christeros" (soulèvement de paysans catholiques contre un nouveau gouvernement anti-clérical à la fin des années 20).
Le 7e canonisé est un évêque espagnol, Manuel Gonzales Garcia (1877-1940), fondateur de la Congrégation des Missionnaires eucharistiques de Nazareth.
La "Congrégation pour la cause des saints", chargée au Vatican d'enquêter sur les futurs saints, a récemment réduit sa commission médicale sur les guérisons miraculeuses à trois groupes d'experts. Par souci de transparence, les honoraires des experts-médecins sont désormais clairement chiffrés.
Avec AFP