La police disperse des manifestants réclamant la démission du chef de l'Etat à Bissau

Une manifestation à Bissau, Guinée-Bissau, 3 août 2007.

Quelque 2.000 manifestants réclamant la démission du président bissau-guinéen José Mario Vaz, ont été dispersés à coup de grenades lacrymogènes samedi à Bissau. La police a mis fin à la marche tenue à l'appel d'une organisation de la société civile.

La manifestation était organisée par le Mouvement citoyen conscient et non conforme, considéré comme proche du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) au pouvoir et qui exige depuis plusieurs mois la fin de la crise politique entre le PAIGC et M. Vaz, membre de cette formation mais avec qui il est entré en conflit, ainsi que sa démission.

La marche de samedi, "non autorisée" selon ses initiateurs, a rassemblé quelque 2.000 personnes de l'aéroport au palais présidentiel, sur 8 km, selon le journaliste de l'AFP.

La police a fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants dont certains, dont un député du PAIGC, Yasai Sané, ont été malmenés par les forces de l'ordre.

Quatre policiers ont été blessés par des jets de pierres de manifestants qui ont également brûlé des pneus sur la chaussée, selon le journaliste et des sources hospitalières.

"Jomav (surnom de José Mario Vaz) dégage", "Le peuple ne veut plus de toi", ont scandé les manifestants. "Nous allons continuer à marcher jusqu'à ce que Jomav parte du palais" présidentiel, a déclaré Lesme Monteiro, un porte-parole des manifestants.

La Guinée-Bissau traverse des turbulences politiques depuis la destitution en août 2015 par M. Vaz de son Premier ministre Domingos Simoes Pereira, chef du PAIGC auquel tous deux appartiennent.

Un nouveau Premier ministre désigné en novembre pour sortir de la crise, Umaro Sissoco Embalo, a prêté serment avec son gouvernement en décembre, mais le PAIGC l'a rejeté comme ses prédécesseurs, accusant M. Vaz d'avoir violé le dernier accord en date conclu dans le cadre d'une médiation des Etats d'Afrique de l'Ouest.

Cet accord, signé le 14 octobre à Conakry sous l'égide du chef de l'Etat guinéen Alpha Condé, prévoit une "procédure consensuelle" pour choisir un Premier ministre "ayant la confiance du président" et devant rester en place jusqu'aux élections législatives de 2018.

En vertu de la Constitution bissau-guinéenne, le choix du Premier ministre revient au parti majoritaire.

Or, le PAIGC a perdu la majorité absolue de 57 sièges sur 102 à la suite de la fronde de 15 députés et le président Vaz veut s'appuyer sur une majorité alternative, constituée des 41 députés du Parti de la rénovation sociale (PRS), deuxième formation parlementaire, et des 15 frondeurs.

Avec AFP