La police occupe le lieu prévu pour le meeting de Tshisekedi

Des policiers déployés dans les rues de Kinshasa, 20 septembre 2016.

L'appel d'une coalition d'opposition à manifester contre le président congolais Joseph Kabila ne s'est pas concrétisé samedi à Kinshasa où la police occupait l'esplanade choisie pour ce rassemblement interdit par les autorités locales.

Le "Rassemblement" d'opposition constitué autour de l'opposant historique Étienne Tshisekedi avait appelé à un meeting à 09h00 (08h00 GMT) près du Parlement de la République démocratique du Congo, pour réclamer le départ de M. Kabila le 20 décembre, date de la fin de son mandat.

Mais à l'heure dite, aucun manifestant ou dirigeant d'opposition n'était visible au lieu de rendez-vous, alors que la police bouclait les accès à la résidence de M. Tshisekedi et au quartier général de son parti, l'UDPS.

L'espace était occupé par des policières en tenue de sport s'affrontant sur quatre terrains de football improvisés sur toute la longueur de l'esplanade, sous le regard du chef de la police de Kinshasa, le général Célestin Kanyama.

"Nous organisons le tournoi de la non-violence", a déclaré le général Kanyama à la presse. Les rencontres des équipes masculines étaient attendues pour l'après-midi.

Le 5 novembre, la police avait empêché une manifestation annoncée - mais pour ainsi dire pas préparée - par le Rassemblement en se déployant massivement dans les rues de Kinshasa. Des matches de football avaient aussi été organisés en continu sur le lieu prévu pour la manifestation, empêchant tout autre rassemblement. La ville avait tourné au ralenti toute la journée, nombre d'habitants semblant avoir jugé plus sûr de rester chez eux en cas d'éventuelles violences.

Samedi matin, le dispositif policier était nettement moins visible et la vie suivait un cours normal dans la capitale, où l'on observait les mêmes embouteillages qu'à l'ordinaire.

-'Manifestations empêchées'-

A Lubumbashi, deuxième ville du pays où les manifestations politiques publiques sont interdites depuis près d'une année, une vingtaine de manifestants qui tentaient de rallier le sud-est où devait avoir lieu le meeting du Rassemblement, ont été interpelés violemment par des militaires.

Globalement, les activités ont tourné au ralenti à cause de la présence massive des policiers et des militaires des Forces armées de la RDC, selon un correspondant de l'AFP.

A Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, tôt le matin, une vingtaine de manifestants qui avaient placé des barricades sur une grande artère de la ville ont été dispersés par la police à coups de gaz lacrymogènes, selon le correspondant local de l'AFP.

La RDC traverse une crise politique profonde depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011, aggravée par le renvoi de la présidentielle à une date non fixée à la suite d'un accord conclu en octobre entre la majorité et une frange minoritaire de l'opposition.

Les 19 et 20 septembre, 49 civils et 4 policiers - selon l'ONU - avaient été tués en marge d'une marche du Rassemblement à Kinshasa.

Depuis lors, le pouvoir a réussi à empêcher toute manifestation d'opposition dans la capitale, où le signal de la radio française RFI, l'une des stations les plus écoutées du pays, est coupé par les autorités depuis le 5 novembre.

En application de l'accord d'octobre, M. Kabila, à qui la Constitution interdit de se représenter, a nommé jeudi un nouveau Premier ministre, Samy Badibanga, issu de l'UDPS, et entend rester à son poste après le 20 décembre.

Avec AFP